ANFORM GUYANE N79

40 anform ! • juillet - août 2018 Couper le cordon Centre de gravité de notre corps, partie intime, érotique, notre nombril est avant tout le stigmate de notre venue au monde. Alors, une fois n'est pas coutume, et si on se regardait le nombril ? PAR LUCIE DANIEL Les mystères du nombril C’ est une cicatrice, une petite marque située au centre de notre corps. Le plus souvent creuse, mais parfois bombée, on n'accorde que peu d'at- tention àcette petite cavité de 1,5 à 2 cm de diamètre. D'autant qu'elle ne sert… à rien ! Cependant, faites une petite expérience.Regardez-vous dans la glace, soulevez votre tee- shirt, observez cette petite marque et imaginez-vous sans. Impossible ! C'est un peu comme si on avait gommé notre bouche ou notre nez de notre visage. Pourquoi ? Parce que cette petite cicatrice est celle de notre naissance. Elle est le sou- venir inconscient de notre venue au monde.Elle est chargée de symboles. CICATRICE Notre nombril est ce qui reste de notre cordon ombilical qui renfermait, à l'époque de notre vie in utero, deux artères et une veine, permettant les échanges, via le placenta, avec notre mère. À la naissance, le cordon est clampé (la sage-femme coupe la circu- lation sanguine àl'aide de deuxpinces) et coupé, laissant une partie de 2 à 3 cm qui tombe quelques jours après la naissance. Reste cette fameuse cica- trice, l'ombilic. ÉROTIQUE Ce nombril a suscité bien des polé- miques. Pourtant présent depuis l'Antiquité dans la sculpture et la pein- ture, il est boudé par le cinéma pendant la première moitié du 20 e siècle. Impu- dique le nombril ! ÀHollywood, le Code Hay (un code de censure qui régit la production des films de 1934 à1966) interdit de montrer le nombril àl'écran. Ainsi, dans les films Tarzan , le héros porte une sorte de culotte lui montant presque sous les aisselles… Pas fran- chement sexy, l'homme de la jungle ! En 1946, l'ingénieur Louis Réard crée le bikini et espère provoquer l'effet d'une bombe avec son nouveau maillot de bain. L'effet sera très limité puisqu'il faut attendre 1962 et le célèbre bikini blanc d’Ursula Andress dans James Bond contre Dr No , pour que le nombril apparaisse (enfin) au cinéma. Car le nombril est un élément érotique. Dans le mythe d'Aristophane, Platon indique que l'humanité primitive est constituée d'androgynes (des êtres doubles, à la fois homme et femme). Ces derniers, à

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