ANFORM GUYANE N79

juillet - août 2018 • anform ! 15 les conséquences peuvent être plus graves. En 1998, quand le médecin britannique Andrew Wake- field publie un article attribuant des cas d'autisme àla vaccination ROR (rougeole-oreillons-rubéole), le taux de vaccination outre-Manche chute. Même si, depuis, de nom- breux chercheurs ont invalidé ses arguments, et que le médecin a été interdit d'exercice, la baisse de la couverture vaccinale a provoqué la réémergence de ces maladies et plusieurs décès. Mais pourquoi ces fake news ont-elles autant de succès ? Parce que nous sommes friands d'explications simples et de solutions rapides. “Nous avons un besoin de donner du sens au monde qui nous entoure, àce qui nous arrive, pour prédire l'avenir et avoir l'impression de le contrôler, analyse Virginie Bagneux, cher- cheuse en psychologie sociale à l'université de Caen. Disposer d'une explication diminue notre angoisse face àla maladie et rehausse notre estime de nous-mêmes. Et les remèdes alternatifs ont d'autant plus de succès qu'on a l'impres- sion en les adoptant d'appartenir àune petite communauté d'initiés, de gens qui en savent plus que les autres.” TÉLÉPHONE ARABE Notre premier ennemi, dans la lutte contre les fake news , est le biais de confirmation, notre tendance à adhérer à tout ce qui va dans le sens de nos convictions et à ignorer tout ce qui s'y oppose. Or, il faudrait, pour éviter le piège des fake news avoir le réflexe inverse. “ Pour juger de la solidité d'une affirmation, il faut adopter une démarche contre-intuitive, en cher- chant d'abord à la démonter. Et si entre 2013 et 2016 montre qu'une histoire fausse atteint six fois plus vite 1 500 personnes qu'une vraie. Plus attractive, plus simple, la fake news plaît. Il faut dire qu'elle est conçue pour ça. Les sites à l'ori- gine de sa diffusion cherchent souvent à faire le buzz. Plus ils génèrent de clics ou de mention “j'aime”, plus leur rémunération publicitaire augmente. D'autres cherchent àinfluencer l'opinion, ou encore àvendre leurs produits. Or, en santé, la désinformation peut avoir de graves conséquences. La journaliste Aude Favre, auteure de la chaîne Youtube What the fake, interviewait dans une vidéo publiée en mai des lectrices malheureuses d'une page Facebook conseillant d'utiliser de l'ail pour lutter contre les infections vaginales. Résul- tats : des brûlures et une visite désagréable aux urgences. Mais ••• “Une information si elle plaît, peut se répandre en quelques heures dans le monde entier…”

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