ANFORM GUYANE N77

mars - avril 2018 • anform ! 81 pardonner mais nous sommes tou- jours ensemble.” Avec le temps, elle espère pouvoir donner de l’amour à cet enfant qui “aura encore plus besoin d’attention”. PRENDRE LE TEMPS Recomposer une famille nécessite pour les enfants comme pour les adultes de se donner du temps, pour digérer les changements et définir la place de chacun.“ Toutes les histoires sont liées, mais il est primordial pour l’équilibre psychologique de tous, que l’ex-relation n’ait pas d’emprise sur la nouvelle. Labelle-mère ne se substitue pas auparent mais apporte satouche éducative”, explique la psy- chologue. Avant de gérer sa famille recomposée, Axel a dû faire le deuil du schéma familial traditionnel. Ce Guadeloupéen a deux enfants de mères différentes.Il a été difficile pour lui d’accepter “l’échec”, comme il dit, ne pas avoir pu rester avec la mère de son premier enfant. “J’ai attendu1an de relation avant de présenter ma fille àmacopine.” Dans une famille recomposée, chaque personne doit avoir son rôle. Mais Sarah*a du mal à investir le sien.Lorsqu’elle rencontre son compagnon,il y a 23 ans,elle n’a pas d’enfant et devient belle-mère de deux filles. La plus grande, de 4 ans, ne vient que pour les vacances mais pas la deuxième, trop petite. Une complicité s’instaure,mais seulement avec l’aînée. “Lagrande, j’ai toujours voulu laprendre sous mon aile mais je reste numéro2, puisqu’elle adéjà samère. Aujourd’hui, elle est adulte et maman àson tour. Je ne suis pas allée àlanaissance de son fils pour ne pas prendre laplace de samère, même simabelle-fille insistait.J’aime beaucoup cette enfant, mais je ne peuxm’imposer. Samère, je lahais, car elle nousaprivésde lapetite.Mais je ne lajuge pas et je ne veuxpas lui enlever safille. Le plus dur, c’est ça, trouver saplace.” TROUVER SA PLACE La psychologue rappelle que le rôle des beaux-parents n’est pas de prendre la place de l’autre ou de le priver de ses enfants,mais de créer sa place, de l’inventer. La réalité n’est pas aussi s i m p l e . Comment d o n n e r de l’atten- tion à une enfant que l’on ne voit qu’une fois par an ? “ll n’y a pas d’amour, mais c’est l’enfant de mon mari et si elle revient vers son père, je suis prête à la recevoir” , explique la belle-mère. Selon la psychologue, “il ne faut pas avoir peur de se posi- tionner dans une histoire existante. Il faut faire preuve d’empathie envers la peur, les angoisses, lapossible souf- france de l’autre tout en continuant àconstruire sanouvelle histoire sans nier celle des autres.Tout le monde a un passéouen auraun.” COMMUNIQUER “De la qualité de la rupture, de l’histoire du couple et de lacommu- nication entre les membres de la famille va naître la confiance… et l’amour.” Et pour cela,il faut passer du temps ensemble,organiser des sorties, être clair sur les règles, donner les consignes de la maison, échanger… Lorsque Jean-Claude* est tombé amoureux de Sophie*, elle avait déjà un fi ls : “L’enfant, même s’il n’est pas de nous, n’est pas un malheur. Pour moi il yavait deuxchoix.Soit j’accepte lafemme et l’enfant, soit je ne prends aucun des deux. Cet enfant est un trésor pour elle. Comment aurais- je pu la priver de son bonheur ?” Julie, mère de trois enfants, a su garder une certaine confiance dans les relations avec les membres de sa “famille” : son ex- compagnon et sa nouvelle copine, son nouveau compagnon, ses enfants… Ensemble, ils se voient régulièrement, habitent la même commune, passent Noël ensemble ainsi que certains weekends. “Je dis souvent aux enfants : “Vousavez de lachance, vous avez quatre parents, quatre fois plus d’affection.” La femme de mon ex-mari, c’est un peu ma meilleure amie. Si j’ai un souci ou une peine, c’est elle que j’appelle.” Les deux femmes ont commencé par échan- ger au sujet de l’intendance, puis se sont liées d’amitié. Ainsi, les “puni- tions sont maintenues chez le père et chez lamère. Il yaune cohérence dans l’éducation” . Un réel confort pour cette famille recomposée. “C’est atypique c’est sûr,mais nous sommes l’exemple même qu’il est possible de bien s’entendre.”  EN CHIFFRES 1,5 million d’enfants vivent en famille recomposée en France,soit 11 % des 13,7 millions recensés en 2011.530 000 enfants vivent avec leurs deux parents et des demi-frères ou demi-sœurs, et 950 000 vivent avec un seul parent et un beau-parent.

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