ANFORM GUYANE N77
mars - avril 2018 • anform ! 45 A rrivé d’Angleterre au début des années 2000, le binge drinking consiste à consommer très vite une très grande quantité d’alcool (plus de quatre à cinq verres en moins de 2 h). Une pratique tristement fré- quente qui commence souvent entre 14 et 18 ans, où l’enjeu est alors d’explorer ses limites avec cette consommation excessive et rapide d’alcools forts. L’expérience se prolonge souvent dans les années qui suivent, voire s’ampli- fie lors des rituels d’intégration au début d’une année universitaire, ou dans le cadre de soirées étu- diantes où l’alcool est absolument “essentiel” à la fête. La “beuverie express”, selon le terme consacré et défini dans un avis paru dans le Journal Officiel en 2013, est aujourd’hui un véritable enjeu de société et de santé publique. Il y a quelques mois, en septembre 2017, un médecin tire la sonnette d’alarme en publiant un livre (1) qui interpelle l’opinion publique sur cette pratique dans nos sociétés, ses dangers et la faiblesse des réponses politiques. “Entre 13 et 25 ans, il faut passer aujourd’hui de façon quasi incontournable par ce rituel”, constate le professeur Amine Benyamina, chef du service d’addictologie de l’hôpital Paul- Brousse près de Paris, et président de la Fédération française d'addic- tologie. EN AUGMENTATION Quid des Dom ? La situation est- elle similaire à ce que décrivent les médecins en Métropole ? Deux études permettent de dresser un état des lieux spécifique à nos départements. L’enquête Escapad (chiffres 2014) sur la santé et les consommations conduite dans le cadre de la journée d’appel de pré- paration à la défense révèle que les ••• jeunes d’Outre-mer consomment moins régulièrement de l’alcool. Même tendance dans l’étude de l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies, à propos des excès de consommation. Chez les jeunes, comme dans la population adulte, les habitants des Dom sont moins nombreux à avoir connu une ivresse au cours de leur vie. À 17 ans, le chiffre tourne autour de 40 % contre 59 % dans l’Hexa- gone. Àl’âge adulte, la proportion va de 44 % (Départements français d’Amérique) à 56 % (La Réunion), contre 62 % en Métropole. Une situation due en partie au fait qu’ “aux Antilles-Guyane, l’ivresse est moins un rite de passage qu’en Métropole” , selon François Beck, © ISCTOK
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