ANFORM GUYANE N77
mars - avril 2018 • anform ! 35 les faces internes des hémisphères cérébraux. Or, il a été mis en évi- dence que ces réseaux sont activés lorsque le cerveau ne répondpas à une stimulation particulière.” Ainsi, notre cerveau se met en veille dès que notre attention n'est pas orientée vers une activité cognitive précise. On retrouve ce mode par défaut lors de tâches automatiques et répétitives comme la conduite sur une route calme, certaines tâches ménagères, une promenade, un jogging ou sim- plement lorsqu'on se repose (sans être pour autant endormi). En clair, si vous pensiez que votre cerveau était inactif lorsque vous êtes paisiblement allongé sur votre canapé, il n'en n'est rien. Bien au contraire. Même au repos, le cerveau travaille. Il joue le rôle de chef d'orchestre, permettant à la fois un relâchement de l'attention au profit d'un état propice à la rêverie et la mobilisation immédiate de la vigilance si besoin. BON POUR LA MÉMOIRE “Ce mode par défaut est fonda- mental pour l'organisation de la mémoire, car on se livre alors àune activité intense d'introspection où l'on est tournéàlafois vers le passé, le présent et le futur de manière autobiographique, indique Francis Eustache. Il s'agit d'une véritable synthèse de la mémoire, avec la construction de projections plau- sibles tout en laissant une place à l'imaginaire.” En outre, ce mode veille fonctionne en duo avec le sommeil, dont on sait depuis long- temps qu'il permet la consolidation des souvenirs. En clair, le mode par défaut permet de construire sa mémoire et de planifier des tâches à venir. Le problème, c'est que dans le cerveau ce fameux réseau du mode par défaut semble fragile. En effet, les chercheurs en neu- rosciences ont montré qu'il est altéré et mis en cause dans de nombreuses maladies neuro- psychologiques. Alzheimer, schizophrénie, dépression, syndrome de stress post-trau- matique, hyperactivité/trouble du déficit de l'attention... Nos sociétés modernes ont tendance à malme- ner, d'une part le sommeil, d'autre part l'état de veille. En cause ? Les rythmes effrénés de travail pour cer- taines professions, mais aussi… les écrans ! Avec leurs fonctionnalités toujours plus interactives, ils mobi- lisent notre attention et prennent de plus en plus de place dans notre quotidien, mettant à mal le repos et la rêverie. Le fait d'être hyper-solli- cité pourrait avoir des conséquences néfastes sur la consolidation de la mémoire, l'anticipation et la prise de distance. Bref, n'ayez plus peur de ne “rien faire”, prenez du temps pour remettre vos idées en place, c'est bon pour la santé. La découverte de ce mode est assez récente. En effet, jusqu'au début des années 2000, les chercheurs en neurosciences pen- saient que notre cerveau pouvait être dépourvu d'activité lorsqu'il n'était par orienté vers une tâche cognitive précise. C'est grâceà l'imageriemédi- cale que le neurologue américain Marcus Raichle a mis en évidence “le réseau du mode par défaut”. Cette découverte sur le fonctionnement du cerveau a été si importante pour les neurosciences qu'elle est devenue une thématique de recherche à part entière ! Rien de tel qu'un bon footing Lorsque l'on court sur une distance relativement longue et ne présentant pas d'obs- tacle particulier, le mode par défaut du cerveau, cet état propice à la rêverie et à l'in- trospection, s'active. En bref, on remet ses idées en ordre, on classe, on construit notre mémoire, on se projette vers l'avenir. En même temps, l'effort physique provoque la sécrétion d'un cocktail d'hor- mones entraînant une sensa- tion de plaisir et de bien-être (endorphines, dopamine…). Résultat, nos pensées seront davantage positives et nos idées plutôt constructives. À vos baskets ! © ISTOCKPHOTO
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