ANFORM GUYANE N76

janvier - février 2018 • anform ! 81 j’adopterais. Et troisièmement, j’aime la vie que je mène et je ne veuxpas la modifier pour un enfant. La pression sociale est forte, mais ça ne me pèse pas. Ce sont des conventions sociales. Il faut avoir une maison, un chien, être pro- priétaire… Moi, je ne me sens pas comme tout le monde.” En France, ils sont 6,3 % d’hommes et 4,3 % de femmes àdéclarer ne pas avoir et ne pas vouloir d’enfant, selon un sondage de l’Institut national d’études démographiques, publié en 2014. “Rester sans enfant, un choix de vie àcontre-courant”, est d’ailleurs l’intitulé de cette étude qui explore les multiples raisons de ne pas vouloir d’enfants : être bien sans enfant, avoir d’autres priorités, rester libre, être trop âgé, raisons financières ou de santé. “Diffé- rents facteurs comme la façon de concevoir et d’interpréter le monde interviennent dans cette prise de décision, ajoute Chimène Girard- Petrus, psychologue clinicienne. Chez certains adultes, une vision pessimiste du futur peut représen- ter un frein. La crainte d’être des parents défaillants face à la res- ponsabilité éducative, sans oublier les raisons économiques et profes- sionnelles… Il y a une motivation sous-jacente consciente ou incons- ciente. Soit nous nous inscrivons dans la continuité de notre modèle parental, soit nous décidons de ne pas faire d’enfant en nous position- nant àl’opposé de ce modèle.” POIDS DU PASSÉ Sandy, elle, n’a pas trouvé le père idéal,malgré unmariage qui auraduré 10 ans. “Tout est trop aléatoire. Rare sont ceuxqui s’engagent aujourd’hui durablement dans une vie de famille.” La célibataire a donc mis une croix sur un potentiel projet de bébé. Et cette croix semble définitive. “À35 ans, je ne pense pas avoir le temps de trouver quelqu’un pour ensuite prendre la res- ponsabilité d’une vie. J’aurais aimé vivre au temps dema grand-mère.Son foyer a tenu bon pour l’éducation de la famille.” Un raisonnement rationnel selon le psychologue Désiré Framée : “Certaines personnes sont dans la dimension affective, d’autres dans la dimension rationnelle. Car l’émo- tion n’est pas forcément maîtrisable et peut faire peur. Alors, rationaliser devient plus évident. Pour une femme, devenir mère peut se transformer en un devoir, un statut.On parle de devoir maternel. La personne cherche alors les conditions parfaites. Elle idéalise son rôle, ce qui peut amener au refus de l’enfant. ” Sandy Calvet a été très déçue, très marquée par l’absence de son papa, parti l’année de ses 4 ans. “Je ne connais rien de mon père biologique. Je porte le nom de mon beau-père. Il m’a adoptée. Je préfère rester célibataire plutôt que gérer une famille recomposée.” Selon le psycho- logue clinicien et psychothérapeute, il y a parfois dans la naissance, la volonté de réparer sa propre histoire : “On cherche àoffrir àson enfant une meilleure vie que la sienne. Parfois, on croit que l’on ne sera jamais apte à s’occuper de quelqu’un. S’il n’y a pas eu résilience, faire un enfant est douloureux.On est dans le schéma du traumatisme de l’enfance. Si faire un enfant c’est transmettre, dans le cas de Sandy, c’est une transmission de la souffrance interrompue.” Raphaël Novella “Je répondais que j'étais stérile, créant un malaise. Les gens se rendaient tout de suite compte de leur indiscrétion et changeaient de discussion.” “À 35 ans, je ne pense pas avoir le temps de trouver quelqu’un pour ensuite prendre la responsabilité d’une vie.” Sandy Calvet © BÉNÉDICTE JOURDIER

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