ANFORM GUYANE N105

novembre - décembre 2022 • anform ! 11 Delphine Delta, cheffe du service des urgences du Centre hospitalier universitaire de Guadeloupe. “Il y a des jours où ce n'est pas évident. On est des humains, et nous aussi, on a nos soucis que l’on met de côté pour se donner au maximum. Mais quand c’est de la méchanceté gratuite, c'est dur.” URGENCES VITALES Le problème, c’est l’attente, jugée trop longue par les patients ou leurs accompagnants. “Mais les urgences ne sont pas un service de fast-food” , résume, agacé, le Dr Yannick Broust, chef du service des urgences du Centre hospitalier universitaire de Martinique. “Ce service a vocation à s’occuper des urgences qui nécessitent une prise en charge immédiate, lorsque le pronostic vital d’une personne est susceptible d’être engagé” , rappelle le médecin. Rendez-vous donc aux urgences pour toute douleur sou- daine et intense, accident pouvant entraîner des complications (frac- ture, brûlure, coupure) ou tout symptôme inquiétant (diarrhée sanglante, violents maux de tête, signe de malaise ou d’AVC, forte fièvre, gonflement, difficulté res- piratoire…). “Les urgences sont perçues comme étant un accès facile à des soins médicaux et c’est d’autant plus vrai en Guyane où l’on manque d'accès aux soins avec une population qui n’a pas de couverture sociale” , regrette le Dr Jean-Marc Pujo, chef des urgences du Centre hospitalier de Cayenne. ATTENTE INÉVITABLE Si les médecins travaillent vite, jusqu’à sauter des repas, voire ne pas prendre le temps d’aller aux toilettes, l’attente reste inévitable. Car à leur arrivée, les patients doivent être tous diagnostiqués selon cinq classifications cliniques (voir encadré), pour ensuite être dirigés dans les services adaptés. Sachant qu’un examen dure minimum 10 min, et que les ser- vices d'urgences reçoivent en moyenne 30 personnes par jour, il faut alors 5 h pour recevoir tout le monde, sans compter les soins les plus complexes. Et la réalité, explique le chef du service du Samu de Guadeloupe, Patrick Por- tecop : “C’est qu’aux urgences, se mélangent les urgences vraies et les urgences dites ressenties.” La ••• Classifications cliniques des malades aux urgences (CCMU) Au service des urgences, les médecins gèrent en priorité les classification 5, 4 et 3. L’état clinique jugé stable. Une otite, par exemple. L’état lésionnel avec un pro- nostic fonctionnel stable. Comme un traumatisme nécessitant une radio. L’état lésionnel avec un pro- nostic fonctionnel pouvant s’aggraver, type douleur abdominale avec fièvre, nécessitant un bilan en biologie et en radiologie. L’état engageant le pro- nostic vital sans nécessiter de gestes de réanimation immédiat, tel qu’un infarc- tus du myocarde. L’état avec pronostic vital engagé. Prise en charge comportant la pratique immédiate de manœuvres de réanimation, comme un état de choc ou arrêt cardiaque. 1 2 3 4 5 © SHUTTERSTOCK © FONDATION DES HÔPITAUX

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