ANFORM GUYANE N101
Le Paxlovid est le premier médicament disponible en pharmacie, sur ordonnance, pour soigner les malades infectés par le Sars-Cov2 en France. mars - avril 2022 • anform ! 9 effets biologiques variés. Celles qui sont sur le marché n'ont été posi- tionnées commercialement que pour une application précise, mais parmi les autres, peut se cacher l'effet anti-Covid tant désiré. Or, ces substances ont déjà été testées pour évaluer leur toxicité, les doses efficaces, les effets indésirables. Autant de temps et d'argent de gagné ! “Développer un médica- ment depuis le début, c'est environ 1 milliard de dollars pour 12 ans de travail. Le repositionner coûte 200 millions sur 6 ans” , précise le chercheur. ANTICORPS L'exemple le plus retentissant de cette stratégie fut la chloroquine. Utilisée jusqu'ici contre le palu- disme, cette molécule se montrait efficace pour neutraliser le Sars- Cov2 in vitro. Las, après des mois de controverse et des essais cliniques de grande ampleur (notamment l'essai Recovery de l'université d'Oxford), l'OMS a fini par conclure à son ineffica- cité. Le même sort a été réservé au Remdesivir. Employé contre le virus Ébola, le médicament avait même bénéficié d'une autorisation temporaire d'utilisation en France, qui a été également abandonnée. Mais d'autres repositionnements sont toujours à l'étude. Une autre stratégie thérapeutique a donné lieu à de nombreux revirements : la piste des anticorps monoclo- naux. L'idée consiste à mimer la réponse du système immunitaire. Si celui-ci réagit dans les pre- mières heures de l'infection par un processus inflammatoire, qui neutralise une partie des intrus, il lui faut plusieurs jours pour affiner ses défenses. Il fabrique alors des anticorps, des substances qui se fixent sur des parties spécifiques des virus, ce qui non seulement les empêche de pénétrer dans les cellules, mais aussi les signale comme cible aux cellules tueuses du système immunitaire. Dès le début de la pandémie, des méde- cins ont injecté à des malades du plasma sanguin prélevé sur des personnes convalescentes. Riche en anticorps, il devait aider le système immunitaire du patient à réagir. La stratégie est encore testée un peu partout dans le monde, mais des essais de grande ampleur, Placid en Inde et Reco- very en Grande-Bretagne, n'ont pas observé qu'il améliorait le sort des malades. En parallèle, d'autres équipes planchaient sur des anticorps produits, en série, par des cellules immunitaires culti- vées en laboratoire. Les anticorps monoclonaux ciblent une structure caractéristique du virus, en général la protéine “spike” grâce à laquelle le virus s'accroche aux cellules humaines et y pénètre. Injectés en intraveineuse ou en intramus- culaire, à l'hôpital, des anticorps monoclonaux améliorent effective- ment l'évolution des patients. Mais parce qu'ils sont spécifiques de la protéine spike, qui évolue au fil des mutations, leur efficacité décline avec l'apparition de nouveaux variants. Ainsi, le Bamlanivimab du laboratoire Eli Lilly a vu son autorisation d'utilisation tempo- raire, accordée en février 2021 en France, suspendue en décembre. Le même sort attend probablement le Ronapreve (laboratoire Roche), © SHUTTERSTOCK •••
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