ANFORM GUYANE N101
mars - avril 2022 • anform ! 75 Comment identifier ce trouble ? Les individusborderlinesont degrandesdifficultésàgérer leurs émotions. Cette maladie psychologique est à mi- chemin entre névrose et psychose. Traits communs : hyperémotivité, réactions excessives à la moindre contrariété. Traits caractéristiques sur lesquels se base le diagnos- tic psychiatrique de la maladie (DSM IV), au nombre de cinq ou plus chez la personne : • des sentiments de vide chroniques ; • une difficulté à gérer la colère ; • une capacité réduite à prévoir les conséquences de ses actes ; • une perturbation de l’identité (remise en question de soi, de ses projets, de ses ressentis) ; • une tendance à idéaliser puis dévaloriser autrui ; • une instabilité dans les relations interpersonnelles (changement d’amis, de partenaires, de voies pro- fessionnelles) ; • efforts effrénés pour éviter les abandons (crainte excessive des ruptures ou éloignement) ; • des symptômes dissociatifs et une idéation persé- cutoire (impression de sortir de son corps, d’être victime d’un complot) ; • des comportements impulsifs, dangereux, d’auto- mutilation (crises de boulimie, tendance au jeu, consommation abusive d’alcool ou de drogues) ; • des idées ou gestes suicidaires. Quelles sont les origines ou causes de cette maladie ? On ne connaît pas très bien aujourd’hui l’origine fon- damentale de ce trouble. Les causes peuvent être génétiques, environnementales ou traumatiques. Le rôle des parents est très fortement associé au trouble de la personnalité borderline. Une carence affective ou une famille très autoritaire pourraient être des fac- teurs prédisposants. Les causes traumatiques pendant l’enfance expliquent le plus souvent la maladie : mal- traitances, négligences, carences, non-respect des phases de développement affectif d’un enfant (sépa- ration, attachement). Des causes non psychologiques sont également évoquées comme des problèmes de variation de la sensibilité des neurotransmetteurs dans le cerveau (sérotonine). Les hormones thyroïdiennes pourraient également jouer un rôle dans l’instabilité thymique. Quelles thérapies ? Le traitement pharmacologique est reconnu comme peu efficace aujourd’hui. Toutefois, certains symp- tômes peuvent être soulagés par des psychotropes. Ainsi, la colère, l’impulsivité, les symptômes dis- sociatifs ou paranoïaques semblent répondre à des neuroleptiques. La difficulté de ce type de traitement de fond, c’est qu’il doit très souvent être réadapté en fonction des périodes crises/comorbidités (anxiété, hyperactivité, dépression). Il est donc important de fournir une psychoéducation au patient. Deux difficul- tés : l’arrêt brutal des traitements a des conséquences très néfastes, et le risque d’abus médicamenteux est très élevé chez les patients borderlines. Le traitement psychothérapeutique est le socle de la prise en charge de ce trouble. Depuis les années 1990, trois formes de thérapies se sont avérées efficaces. • TCD (thérapie comportementale dialectique) : s’inspire à la fois des théories comportementa- listes, du bouddhisme (acceptation de la réalité) et de la philosophie dialectique (juste milieu). L’ap- prentissage de la régulation des affects est l’objectif principal (une à deux séances hebdomadaires). • Thérapie basée sur la mentalisation : les com- portements inadaptés des patients borderlines seraient dus à des schémas de pensées inadaptés. Autrement dit, ces patients ne peuvent mentaliser l’état interne de l’autre et cela engendre de forts malentendus. La mentalisation est fragilisée par l’attachement “insécure” des patients, ou par des relations précoces enfants/parents instables. • Psychothérapie focalisée sur le transfert : le patient, par son attachement au thérapeute, va transférer et rejouer ses affects. Cela lui permet de les résoudre à nouveau, d’une autre façon, de réguler les émo- tions liées à cet affect (deux séances par semaine).
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