ANFORM GUYANE N101

mars - avril 2022 • anform ! 55 “S i j’avais eu des enfants, ma vie aurait été diffé- rente, ça, c’est certain !” Sauf que Christophe (1) , 45 ans, a fait un autre choix. “J’y pense 5 min, mais après ça passe”, lâche-t-il dans un éclat de rire. Sa passion, les arts martiaux, est l’essence de sa vie. Surdoué, l’éducateur sportif a toujours excellé dans sa discipline. Mais une passion pas suffisamment rémunératrice : “Je vivote entre petits boulots instables. C’est un problème pour élever des enfants.” Sans être matérialiste, Christophe a une vision idéale de l’éducation des enfants qu’il n’aura jamais. Lui qui a été très gâté et n’a jamais manqué de rien, il aurait voulu pouvoir offrir le même confort à ses enfants. “J’aurais voulu qu’ils connaissent ce que j’ai vécu. J’en aurais eu deux ou trois et on aurait beaucoup voyagé !” La notion de manque lui est insuppor- table. Fier, même la proposition d’aide et d’accom- pagnement de sa mère n’y a rien fait. Hors de question ! “Ce n’est pas ma conception des choses. J’aime être indépendant et assumer mes responsabilités” , déclare avec assurance le Foyalais. Étonnam- ment, il évoque sa mère : “Cela me fait de la peine de la voir vieillir.” Et se demande qui va s’occuper de lui quand ce sera son tour d’être pris par les affres du temps. Mais il clôt aussitôt sa réflexion par un : “Les enfants ne sont pas un bâton de vieillesse.” Quand ses différentes compagnes émettaient leur désir d’enfant, malgré la force des sentiments, sa réponse était toujours implacable : “Sépa- rons-nous. Je ne veux pas te f re iner. ” Amer ? “Au contraire ! Je suis heureux pour elles !” Comme pour son meilleur ami, papa pour la première fois à 45 ans. “Ça n’a rien remis en cause chez moi. Je lui dis même de lever le pied au travail avec cette nouvelle respon- sabilité.” FUTUR INCERTAIN Question responsabilités, Tony 44 ans, en sait quelque chose. Très jeune, il faisait déjà preuve de maturité. “Il y avait beaucoup de grossesses précoces autour de moi au lycée. Pendant que les gars jouaient les fiers, moi, je trouvais aberrante une telle insouciance !” Issu d’un milieu très modeste à Rivière-Pilote, il a un sens accru des réalités. Pas question de mettre au monde une bouche de plus à nourrir ! Sans doute, a-t-il été aussi marqué par sa mère qui lui a tou- jours dit : “Lavi a two rèd ! Pa fè ich si’w pa lé fè !” (2) Marqué par cette imprécation maternelle, la question des moyens financiers a aussi été un argument. “Toutes mes petites amies me demandaient un enfant. Parfois, même des ex revenaient à la charge”, dit-il amusé. Mais pour lui, pas question de céder. “Pas d’argent, pas de travail, pas © SHUTTERSTOCK •••

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