ANFORM GUYANE N101

42 anform ! • mars - avril 2022 Le ptérygion est décrit par le patient comme une peau qui pousse à la surface de l’œil. Inoffensif, il protège l’œil de la poussière, des rayons du soleil ou de la sècheresse de l’air. Pourtant, il est important de ne pas le laisser s’étendre. Bien vu ! MARIE-FRANCE GRUGEAUX-ETNA © SHUTTERSTOCK, U n ptérygion, c’est d’abord une anomalie de la conjonctive. Il se manifeste par un épais- sissement du tissu de la conjonctive (la membrane superficielle qui recouvre la surface blanche de l’œil). Cette excrois- sance apparaît le plus souvent au coin interne de l’œil, mais peut s’étendre jusqu’à recouvrir la cornée. À ce stade, il risque d’entraîner des troubles de la vision. “Les personnes vivant dans des zones exposées à des niveaux élevés de rayonnement ultraviolet sont les plus exposées, explique le Dr Joëlle Chaumet-Chevallier, ophtalmologue. La poussière, la chaleur, la sécheresse, le vent et la fumée peuvent également jouer un rôle. Il y a aussi une composante Le ptérygion : un trublion sur l’œil génétique à ne pas écarter. Mais dans tous les cas, c’est une lésion bénigne et non douloureuse qui se met en place par réaction, pour protéger l’œil.” Les patients les plus concernés ont entre 30 et 50 ans et sont majoritairement de sexe masculin. “Les symptômes, poursuit le Dr Chaumet-Chevallier, se manifestent par des rougeurs, des picotements, des irritations, comme si le patient avait un corps étranger dans l’œil, des démangeaisons et parfois un trouble de la vision, dans les cas les plus sévères. Le plus souvent, il apparaît sous la forme d’un petit épaississement triangulaire d’aspect blanc rosé, avec des vaisseaux sanguins, sur le coin interne de l’œil. Pour les patients, il a un aspect inesthétique évident.” Comment soigner ? “Si la présence de ce ptérygion n’en- traîne aucun trouble de la vision ni aucune gêne, alors il n’est pas néces- saire de donner un traitement. En revanche, il faudra suivre son évolu- tion et consulter régulièrement.” Sinon, un simple traitement à l’aide de collyre, lubrifiant ou corticoïdes, peut suffire. Cette prescription consiste à humidi- fier artificiellement la surface de l’œil. Mais si sa taille augmente au fil des mois, s’il empiète sur la cornée et si les symptômes n’ont pas évolué favo- rablement malgré le traitement, alors il faut penser sérieusement à une abla- tion chirurgicale. Car il est certain qu’il ne pourra pas se résorber tout seul. Et même, cette intervention n’empêche pas à 100 % les risques de récidive. Elle se réalisera en ambulatoire ou nécessitera une hospitalisation plus longue, en anesthésie générale ou locale. Pour la retirer, le chirurgien n’uti- lise pas de laser, mais procède à une excision totale de la lésion sans ouvrir le globe oculaire. C’est le principe de l’autogreffe conjonctivale, c’est-à-dire que la partie touchée est retirée et rem- placée par un petit morceau de tissu sain de conjonctive, prélevé chez le patient. C'est une opération tout à fait bénigne, juste désagréable dans les jours qui suivent.

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