ANFORM GUADELOUPE N99
novembre - décembre 2021 • anform ! 129 Maintenant, je vis à 100 % pour l’athlétisme, car je suis salariée déta- chée à plein temps. Malakoff Médéric et Citybank sont mes sponsors, ce qui m’offre un complément financier pour vivre. Comment se déroule une journée type ? Je vis désormais à Paris, près de l’Insep, où je m’entraîne une fois par jour, sous la direction de Jo Maisetti, ancien entraîneur national du sprint, avec les autres athlètes handisport. Le samedi, je cours avec des valides. Sinon, je partage mon temps entre l’orthophoniste le mardi et le jeudi, et l’ergothérapeute le vendredi. Je bénéficie du suivi médical de l’Insep, en cas de blessure. En octobre, je pars en Martinique. Jocelyn et Luc Piquion m’encadrent pour un stage de 3 mois sur mon île. Comment as-tu vécu ta finale du 200 m en juillet aux Jeux de Tokyo ? J’étais vraiment très motivée pour cette course. Les Jeux paralympiques m’ont toujours bien réussi. Lorsque j’ai pris place dans les starting-blocks pour cette finale du 200 m, je savais qu’une victoire serait un exploit. La Chinoise Xiaoyan Wen, la nouvelle reine de la discipline, était clairement la grande favorite. Au coup de feu du starter, j’ai décidé de partir très vite. Pendant tout le virage, j’ai réussi à faire jeu égal avec la Chinoise. Puis, au moment d’aborder la der- nière ligne droite, j’ai vu Xiaoyan Wen s’envoler loin devant. À 30 m © FLORENT PERVILLÉ de l’arrivée, j’ai senti la fatigue me gagner. Et malgré toute ma volonté, j’ai la rage de m’être fait coiffer sur la ligne par une deuxième athlète. Après une courte déception, j’ai ensuite pris conscience que je ramenais à la France une belle médaille de bronze après l’or de Londres et l’argent de Rio (sur 100 m). Et mon chrono de 27’’34 est vraiment bon. À 3 ans des Jeux paralympiques de Paris, comment vois-tu ton avenir ? Même si je suis parfois envahie par des doutes, j’ambitionne d’être compétitive en 2024, chez moi, et de bien représenter mon pays. Ce serait formidable d’aller chercher une quatrième médaille, en quatre Jeux paralympiques différents. Y a-t-il une sportive qui t’inspire ? Oui, très clairement, Marie-José Pérec ! Quelle est ta devise ? Ne jamais abandonner, quelles que soient les difficultés. As-tu d’autres passions ? J’adore nager. Dès que je rentre en Martinique, je retrouve le bonheur d’aller nager en mer. L’œil de Jocelyn Nienat, son entraîneur, conseiller technique fédéral. Quand as-tu rencontré Mandy pour la première fois ? Ses parents sont venus voir me voir en 2010, afin de redonner du sens à la vie de leur fille. Il a fallu lui redonner confiance en elle, car elle avait perdu tous ses repères. Elle avait son caractère, se montrait parfois colérique, avec un petit côté garçon manqué. Je l’encadrais sur cinq séances hebdoma- daires. Puis, elle est passée à six séances, à partir 2012. Quelle est votre relation entraîneur-athlète ? Mandy m’a rapidement fait confiance. Nous avons noué une bonne complicité au fil des années. Je pense qu’elle me considère un peu comme un second père. Je la conseille régulièrement. Je m’efforce de la rassurer à l’approche des compétitions importantes. Par exemple, elle mange très peu avant les compétitions, comme Marie-Jo Pérec en son temps. Je l'accompagne sur tous ces détails qui comptent.
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