ANFORM GUADELOUPE N99

novembre - décembre 2021 • anform ! 107 expérience, de réaliser un fantasme. Sauf que voir concrètement sa par- tenaire prendre du plaisir avec un ou plusieurs hommes, c’est une autre chanson… “Quand la femme part dans son plaisir, elle est vraiment partie !” , ajoute-t-elle dans un éclat de rire. Là, diplomate et habituée, Annie propose au partenaire de se détendre au bar. “Cette montée d’adrénaline est tout à fait normale au début. Même si l’homme ne dit rien, je vois bien que le sourire se fige. Il y a du monde autour. Il faut quand même faire bonne figure” , dit-elle, taquine. Mais elle se veut ras- surante : “Après les perturbations des premières fois, l’habitude s’installant, ça se passe beaucoup mieux après.” Et c’est bien peu de le dire ! “J’aime voir l’extase dans les yeux de l’autre, le moment où il perd pied !” , confie doucement Yumee qui préfère que les deux couples restent dans la même pièce lors des ébats. Pour Andréa, ça va plus loin : “Il y a une tendresse, un émerveillement dans son regard quand je suis avec d’autres. Je suis aussi très excitée de voir mon parte- naire avec une autre femme. Je suis fière de voir que mon homme assure ! Je me dis qu’elle doit déjà s’estimer heureuse que je le lui prête !”, finit- elle par dire dans un rire retentissant. L’échangisme est donc vécu comme un jeu qui renforce la complicité du couple. “Faire l’amour ensemble après est encore plus intense quand on a vu son/sa partenaire prendre et donner du plaisir à une autre personne”, avoue Andréa. Pour elle et Yumee qui détestent l’infidélité conjugale, cette pratique sexuelle, réalisée en couple, permet de “challenger” leurs désirs, prendre leur plaisir sous une autre forme sans avoir à affronter les tracas du mensonge et autres stratégies sca- breuses mises en place quand on va voir ailleurs. C’est ainsi que le couple de Yumee, qui était insatisfaite malgré la force des sentiments, a retrouvé un équilibre grâce à l’échangisme. “Je n’étais plus frustrée et lui, il pouvait profiter avec d’autres femmes.” CONFIANCE ABSOLUE Mais tout ne se fait pas sans règle ! Que ce soit en club ou soirée privée, l’échangisme se prépare. “Dans notre milieu, le respect est extrême- ment important !”, insiste Annie. “On demande toujours la permission à l’autre partenaire pour jouer avec son compagnon ou sa compagne.” C’est également pour cela que la com- munication est fondamentale. Il faut que le couple, uni par une confiance absolue, forme une équipe soudée et décide de ce qu’il (s’)autorise ou pas. Dans le cas de Yumee, c’est une évi- dence : “Avant d’embrasser l’homme, je demande toujours à sa femme la permission.” De toute façon, que ce soit avec Annie, Andréa ou Yumee, on sent bien que l’échangisme reste un jeu, et donc pas uniquement du sexe. “Il ne faut surtout pas être pressés. On est ensemble pour 4 à 5 h”, raconte Yumee. “On prend un verre ou on dîne. On discute. On apprend d’abord à se connaître.” Cette même ambiance apaisée est décrite par Annie dans son établis- sement : “Nous sommes dans un endroit magique où règne la convi- vialité. On n’est obligé de rien ! Tout est mis à disposition pour que nos clients se sentent bien. Piscine (vêtements interdits !), terrasses, bar, salons, canapés, coins câlins (dans le libertinage, on ne parle pas de lits !), accessoires coquins…” Et côté hygiène et sécurité, tout a été pensé. “Nous, les libertins, sommes très propres. Nous faisons réguliè- rement des tests. Des préservatifs (obligatoires) et des douches sont à disposition.” Chez Annie et Bernard, on est comme à la maison ! Enfin presque, car Annie est stricte sur le code vestimentaire : tenue correcte exigée ! Pantalons ou jeans, tee- shirts ou chemises et chaussures fermées pour les hommes. Pour mesdames, minijupes obligatoires. Et si vous n’en avez pas, on vous en fournit une ! “Mais certaines clientes préfèrent venir topless, en nuisette ou guêpières” , précise-t-elle, un sourire coquin au coin des lèvres. Mylène Farmer aurait ajouté : “C’est nue que j’apprends la vertu !” Étude réalisée par l'Ifop pour le site de rencontres CAM4 en janvier 2017. Pour aller plus loin : retrouvez Yumee et Andréa dans le podcast “En corps.. !” , dédié aux sexualités féminines antillaises. Deux saisons, 14 épisodes. Disponible sur Apple podcasts, Youtube, Google podcasts, Spotify, Arte audioblog… @bybonikn

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