ANFORM GUADELOUPE N96

mai - juin 2021 • anform ! 107 UN PIERCING PAS BANAL Le piercing génital est-il aussi banal que celui des oreilles, par exemple ? Ce n’est pas banal du tout. Les piercings sont, en géné- ral, à visée esthétique. Ils sont faits pour être vus. Quand il est génital, ce piercing est le choix conscient d’un bijou réservé à la vue de certaines personnes ou de soi-même. S’il est aussi esthétique que les autres, le but principal du piercing génital est surtout la recherche de plaisir lors des ébats sexuels. Quelles relations ont ces personnes avec leur corps ? Elles sont dans la maîtrise de soi. La sexualité est une chose complexe à découvrir, surtout pour une femme. Là où l’homme a vite fait le tour du fait que son sexe soit à l’exté- rieur, la femme prend plus de temps, car le sien est interne. Donc quand elle a pu décou- vrir son sexe entièrement, elle maîtrise son corps et son plaisir d’autant mieux. Elle est dans la quête du plaisir mais un plaisir qu’elle contrôle. Qu’est-ce que ce type de pier- cing dit de la personne ? C’est le signe de quelqu’un qui est très en accord avec son corps. Chez la femme, cette démarche montre qu’elle a compris comment fonctionne son corps, qu’elle est à l’aise, libérée de toute gêne, de tabous et interdits, de la culpa- bilité enseignée par la religion. Au-delà de la recherche de l’originalité, c’est une façon de dire : je suis consciente de mes aptitudes à aller chercher mon plaisir ! Y a-t-il un profil particulier ? Il n’y a pas de profil précis à proprement parler. Ce que je peux dire, c’est que ce sont des personnes principalement de 25-35 ans qui peuvent parler de sexe. Et ce n’est pas anodin dans un territoire où le sexe est encore très tabou ! Tabou au point de ne pas parler de son piercing intime ? Tout à fait ! Nous sommes dans une région où on est très bavard. Certaines per- sonnes vont donc choisir de profiter de vacances hors du département pour réaliser leur piercing. L’endroit aussi joue. Le piercing du mamelon est plus accepté par la société quand celui du sexe (féminin) est stigmatisé. On va dire alors que la femme qui en a un a des mœurs légères. On se “pierce” pour soi ou pour l’autre ? Pour les deux ! Pour soi, car on recherche encore plus de plaisir. Et puis pour l’autre, bien sûr ! Il y a le plaisir de montrer et en face, le plaisir de voir. Dans le cas d’un couple, l’homme va d’abord attarder son regard sur le sexe piercé. La vue va générer de l’excitation. Puis, il y aura la deuxième phase du toucher et enfin, celle du plaisirl. Pourquoi retrouve-t-on une majorité de femmes avec un piercing génital ? Parce que l’homme est moins courageux ! Et puis, pour lui, le sexe et son érection sont tellement importants qu’il n’ose pas y toucher de peur de l’abîmer. Quand l’homme est dans la recherche de sexe, la femme est dans la recherche du plaisir ultime. Que dit le piercing génital de celui qui le porte ? Peut-on parler sans tabou de son piercing au mamelon ? Entretien avec Mariella Bergen, psychothérapeute, sexologue.

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