ANFORM GUADELOUPE N96
mai - juin 2021 • anform ! 105 ••• 4 QUESTIONS À… Dr Thibaut Muller, dermatologue-vénérologue Quelle hygiène observer après un pier- cing intime ? On est sur un protocole classique avec l’application d’un antiseptique local une à deux fois par jour pendant 10-15 jours. Pour la langue, il faut faire des bains de bouches (30 secondes) deux à trois fois par jour pen- dant 7-10 jours. Pour la zone génitale, on utilise un savon extra-doux. Attention, il ne faut surtout pas utiliser d’antiseptique avec alcool sur les muqueuses (lèvre, langue, sexe). Au-delà de ces périodes, en cas de doute sur la bonne cicatrisation, il faut voir son médecin. En augmentant la fréquence des désin- fections, va-t-on cicatriser plus vite ? Au contraire, on aura l’effet inverse ! En désinfectant trop, on modifie la flore bac- térienne. On ralentit ainsi la cicatrisation. On peut même provoquer des irritations (eczéma). Y a-t-il des risques accrus d’IST ? Théoriquement, oui. Dans le cas où le matériel utilisé serait contaminé, car pas parfaitement stérilisé, on pourrait avoir des risques de transmission d’hépatites B ou C ou de VIH. Par ailleurs, sur un plan scientifique, même s’il n’y a pas assez de cas rapportés, on peut légitimement penser qu’avec un sujet percé malade, dans un rapport non protégé, il y a sur-risque de transmission de maladies. La faute aux microtraumatismes dus aux frottements du piercing. Le piercing intime est-il parfois contre-indiqué ? Si on a un terrain favorable aux cicatrices chéloïdes, il est fortement déconseillé. Par ailleurs, il y a un risque infectieux du mame- lon percé quand on a des prothèses mam- maires. Enfin, mettre un bijou en plastique ou mieux, ôter le bijou lors des tétées. il n’a pas vu de différence, il concède pudiquement que “quand ma compagne commence à jouer avec sa langue…” . Puis est arrivé le “Prince Albert inversé” (forme de piercing génital masculin, le sexe est percé au-dessus du gland). Il avoue y avoir pensé pendant longtemps, mais sa compagne de l’époque “était moins aven- turière ! ”, dit-il, espiègle. Mais l’expérience a tourné court à cause de son impatience. “J’ai eu un rapport sexuel après seu- lement trois jours”, confesse-t-il. Trois au lieu des 21 minimum d’abstinence recommandés ! De plus, le piercing, mal réalisé, était trop près de l’urètre. La douleur et la gêne persistant, Sébastien choisit d’ôter son piercing génital au bout d’1 an. Quatre années plus tard, il perce de nouveau. “J’attendais de rencontrer un bon professionnel.” Aujourd’hui, un petit bijou pimente ses rapports intimes avec sa partenaire. Des sensations féminines confirmées par John, tatoueur-perceur depuis 20 ans en Guadeloupe. Il pense que si l’homme aura quelques sensations agréables au début, physiologiquement, les piercings
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