ANFORM GUADELOUPE N96

10 anform ! • mai - juin 2021 carbone) présent dans l'atmosphère de Mars en O 2 et fuel pour servir de combustible. “J’ai aussi été profes- seur associé à l’Occidental College, une école privée très élitiste par où est passé Barack Obama. C’était une super expérience. J’ai aimé la vie là-bas. Mais entre la plage de Santa Monica et Roseau, je choisis Roseau ! J’ai envie de faire des choses qui ont du sens pour moi. Comme trouver comment purifier les terres et les eaux polluées au chlor- décone. Je me donne 1 an pour relever ce challenge. Ça, ça a vrai- ment du sens.” Plantes médicinales Les plantes, le jeune chimiste n’en est pas spécialiste, quoi que… “Si mes parents utilisent les rimèd razié depuis toujours, si ma mère est amoureuse des plantes et que la maison en est remplie, si mon père fait son jardin créole, moi, je ne me suis jamais senti très concerné, jusqu’à ce que j’entre en chimie. Aujourd’hui, j’aime les plantes pour les molécules qui les constituent, je les reconnais, je sais quoi en faire. ••• Au laboratoire de Clariant à Bâle pendant sa thèse. Lorsque Henry Joseph m’a présenté son projet, j’ai compris que ma for- mation me permettrait de trouver où ça coinçait, de faire un travail de qualité sur un temps très court. J’ai eu alors l’opportunité d’apprendre la nomenclature des compositions chimiques des plantes guadelou- péennes via le Tramil (programme de recherche appliquée à l'usage populaire des plantes médicinales dans la Caraïbe, NDLR). Nous avons testé l’activité inhibitrice d’extraits de plantes sur des enzymes, et eu des résultats qui ont mené au brevet. Mais on n’en est pas encore à faire des tests in vitro !” La recherche est un domaine exaltant, et les défis à relever sont énormes et “parfois ça ne marche pas. D’ailleurs le plus commun, c’est de ne pas trouver ! Il ne faut pas lâcher, être bosseur et assez curieux pour tester encore et encore. C’est un peu comme lorsque je fabriquais des attrape-crabes ! Être passionné, s’amuser, avoir envie de découvrir, de réussir”. Chez ce jeune homme qui sait ce qu’il veut et s’arrange pour le mettre en œuvre avec intelligence et efficacité, se © DR rencontre mêle à la joie profonde une sourde tristesse. “Cette tristesse me vient de mon combat pour ma famille, très modeste, marquée par les conflits, les traumas, les souffrances.” Et s’il a choisi de revenir en Guadeloupe, c’est parce que vivre avec sa famille a plus de sens pour lui que de mener des projets vers Mars. Discipliné et volontaire “Je veux pouvoir influencer mon environnement, rendre attractif le lieu où je vis. J’ai envie de laisser une trace, créer. Je visualise, je vise haut et je pose des actions. Voilà ce que je suis, voilà où je veux aller, quelle est ma motivation pour y aller. J’ai de la volonté. Peu importe ce qu’on veut faire, on y arrive avec de la discipline.” Damien Bissessar lit, médite, attentif à l’énergie qui circule et le guide. Chaque soir, il fait le bilan des interactions qu’il a eues, des émotions ressenties. “C’est une chance inouïe de prendre le temps de se poser des questions sur soi- même. Ma spiritualité, c’est ma vie, ma fondation solide. Mon bonheur est spirituel.” Avec son petit frère en visite au labo de Strasbourg.

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