ANFORM GUADELOUPE N93

novembre - décembre 2020 • anform ! 139 près de Perth où il vivait jusqu’alors, et au club de Clermont-Ferrand, où réside sa maman. “C’est un choix mûrement réfléchi. Je me suis toujours senti très Français par ma mère, dont toute la famille vit en France. Et ce pays m’offre plus d’opportunités d’affronter les meil- leurs mondiaux et de participer aux compétitions de très haut niveau”, a-t-il déclaré. Il a bien sûr été accueilli à bras ouverts par la grande famille de l’ath- létisme français. À Clermont-Ferrand, il s’est entraîné avec Renaud Lavillenie, le champion olympique de la perche à Londres. À Paris, ce sont le champion du monde 2005 du 110 m haies Ladji Doucouré, ainsi que notre talentueux recordman du monde junior des haies hautes, le Guadeloupéen Wilhem Bélo- cian, qui l’ont conseillé. 3 En quittant l’Australie pour la France, où va-t-il désormais s’entraîner ? Fini l’hiver austral pluvieux de Perth. Sasha Zhoya a posé ses valises à l’Insep, à Paris, depuis le début de l’année 2020. À l’institut parisien, il suit désormais des cours de danse, enseignement qu’il prendra deux fois par semaine, en plus des cours de français, dans la continuité de l’Acadé- mie des arts du spectacle de Perth, où il étudiait l’an dernier. Il a signé un contrat d’aspirant professionnel avec la Fédé- ration, avec un complément financier de ses équipementiers. Il recevra ces financements dans le cadre des aides génération 2024, dans la perspec- tive des JO de Paris. Côté sportif, il a déjà intégré le groupe des sprinters du Martiniquais Dimitri Démonière et a pro- grammé de faire des stages de perche à Clermont-Ferrand avec Renaud Lavil- lenie. Il envisage également de rentrer quelques mois en Australie. 4 Quels sont ses objectifs pour ses années en catégorie junior ? Perche ou 110 m haies ? En cette année de crise sanitaire, Sasha donne la priorité aux haies hautes. En voulant descendre sous les 13’ dès sa première année chez les juniors, le prodige arrive avec un objectif tout tracé : s’attaquer au record du monde de sa catégorie d’âge. Ce qui signi- fie déposséder Wilhem Bélocian du chrono de 12’99 que ce dernier avait établi en finale des championnats du monde juniors 2014 aux États-Unis. Sasha a déjà annoncé la couleur en établissant un nouveau record mondial en salle : 7’34 sur 60 m haies aux championnats de France jeunes de Miramas, le 22 février dernier. Ce qui donne un réel crédit à son ambition de réussir le challenge d’être à la fois recordman dumonde cadet et junior. La perche va donc rester entre parenthèse en 2020. À cause de la crise actuelle, il n’a pas reçu le matériel commandé, ce qui a eu pour conséquence d’espa- cer ses séances d’entraînement. Sans compter qu’un autre géant est actuel- lement en train de prendre son envol, et pourrait lui faire de l’ombre. Armand Duplantis, 20 ans seulement, a effacé cet hiver le record du monde de Laville- nie en passant 6,17 m puis 6,18 m et s’impose comme le nouveau roi de la perche pour les années à venir. 5 Que peut-on rêver pour lui dans la perspective des JO de Paris ? En 2024, Sasha n’aura que 22 ans. Il possède des qualités de vitesse ainsi qu’une coordination motrice hors du commun. Il est actuellement le jeune prodige dont le talent sans limite laisse entrevoir une carrière de légende. Avec en ligne de mire les trois titres olym- piques de Marie-Jo Pérec. Il lui faudra surtout éviter les blessures, alors que le 110 m haies est classé dans les dis- ciplines les plus traumatisantes pour l’organisme. En toute logique, Wilhem Bélocian et lui ont le potentiel d’être en finale du 110 m haies aux JO de Paris. Rêvons de les voir côte à côte dans les starting-blocks, un jour d’août 2024, l’or olympique en tête. © PHOTO ATHLÉ/FFA

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