ANFORM GUADELOUPE N92
90 anform ! • septembre - octobre 2020 Contrecoup Une majorité d’enfants auraient été impactés par le confinement, selon une étude du Centre médico-psycho-pédagogique des Abymes, en Guadeloupe. Un bilan qui rejoint les études nationales en cours. PAR CÉLINE GUILLAUME Les enfants du confinement L es équipes du Centre m é d i c o - p s y c h o - pédagogique (CMPP) ont distingué trois profils : les enfants “sans profils à risque” , les enfants “déjà suivis sur le plan psychologique” et “les enfants de soignants” . 167 questionnaires, destinés aux 3/18 ans, ont été dis- tribués à des familles au CHU, dans les CMPP, à l’école et chez les méde- cins libéraux. Résultat ? 100 % des enfants ayant déjà un suivi psycho- logique et 67 % des enfants non suivis ont souffert de troubles durant le confinement. 90 % des enfants de soignants ont été impactés. Ces der- niers ont exprimé “l’anxiété et la peur de voir maman tomber malade” . DÉPHASAGE Dépendance aux écrans, troubles du sommeil et troubles alimentaires arrivent en premières positions parmi les conséquences répertoriées par le comité scientifique du CMPP. “Nous sommes des animaux diurnes, programmés pour dormir la nuit et avoir une activité dans la journée. Ne pas respecter notre rythme naturel, en allant nous coucher tard, nous expose à de multiples consé- quences, surtout chez les enfants. L’utilisation des écrans à des heures inadaptées a joué un rôle majeur dans ce déphasage” , révèle l’étude menée par le Dr Marina Blum, psychiatre-pédopsychiatre, directrice médicale du CMPP et responsable d’unité fonctionnelle de pédopsychia- trie d’urgence et de liaison au CHU de Pointe-à-Pitre. Une rupture biologique pouvant causer bien des désordres alimentaires, troisième impact du confinement chez les enfants. En premier lieu, l’hyperphagie alimen- taire, c’est-à-dire l’enfant qui mange toute la journée et en grande quantité, doublée d’une “addiction au sucre. Le confinement a rendu certains aliments plus accessibles et dispo- nibles, les parents ayant envie de faire plaisir. L’exposition aux publi- cités alimentaires a peut-être été un facteur supplémentaire”, explique l’équipe. Accentuant la prise de poids, les activités sédentaires tels que regar- der la télévision, naviguer sur internet ou jouer à des jeux vidéo, auraient for- tement augmenté (+ 50 % !). STRESS POST-TRAUMATIQUE C’est ce que révèle une étude natio- nale du CHU de Toulouse, baptisée E-Cocoon , auprès des 8/15 ans. Elle a aussi dégagé une forte proportion de cas de stress post-traumatique. Un bilan déjà concret en Guadeloupe puisque le Dr Marina Blum a observé une augmentation du nombre de tentatives de suicide chez les adoles- cents après le confinement. Le docteur rappelle que “le stress post-trauma- tique peut survenir bien après un événement” . Si un enfant change de comportement, mange trop de sucre, prend beaucoup de poids, ne dort plus bien ou dort trop, pleure, et si le travail scolaire devient conflictuel, il faut se rapprocher du médecin traitant, du pédiatre ou d’un psychologue.
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