ANFORM GUADELOUPE N88
8 anform ! • janvier - février 2020 rencontre ••• du surf au cinéma Patience, détermination et surf. Tel est le leitmotiv de Maharaki. Jour après jour, étape après étape, la scénariste et réalisatrice martiniquaise accomplit son rêve de cinéma avec méthode et passion. PAR MATHIEU RACHED A ucune journée ne se ressemble. La réalisa- trice du court métrage multiprimé Vivre et du documentaire Jocelyne, mi tchè mwen en a pris son parti : faire du cinéma s’inscrit dans un temps longet incertain aussi. Elle nous confirme que l’image romantique et populaire du réalisateur, casque sur les oreilles, regard concen- tré sur l’écran de contrôle, ou discutant avec ses comédiens d’une scène, un ton, un geste, ne fait pas partie du quo- tidien. “Actuellement, je travaille sur un court métrage qui devrait être tourné en 2020, et j’avance sur le projet d’un long métrage que je porte depuis 6 ans !” De quoi parfois se sentir découragée ? “Ça l’est de temps en temps, forcé- ment, mais c’est transitoire. On doit garder l’objectif final en tête” , assure- t-elle. Si les journées de la réalisatrice ne se déroulent pas toutes sur un plateau de cinéma, elles commencent en revanche systématiquement par un coup d’œil sur la météo des vagues. Maharaki est mordue de surf ! C’est son sport, son équilibre, son mode de vie même. “Ce matin, j’ai ma planche dans la voiture” , sourit-elle. “C’est indispensable. Je vais à l’eau au moins une fois par semaine.” Ce qui lui plaît, c’est le mode de vie, le rapport à la nature, sentir la houle, le vent, la puissance des éléments, “un lien avec la mer qu’on ne pourra jamais vraiment expliquer” . Depuis 20 ans, son temps libre, ses vacances, sont forcément l’occasion d’aller à l’eau, en Martinique, àla Barbade où elle a réalisé des clips, des publicités, des reportages, “partout où les conditions s’y prêtent” . Concentration Bref, la passion est intacte. Rien n’a changé dans sa routine sportive si ce n’est une séance d’étirement et d’échauffement à laquelle elle s’ap- plique systématiquement depuis 5 ou 6 ans. “Ça me permet de me concen- trer sur mon corps, sur mon état, tout en prenant conscience des vagues en face de moi.” Chez Maharaki, le sport est une histoire familiale. Sa sœur, elle, a opté pour le kitesurf. Enfant, elle voyait son père “vivre football, manger football, dormir football” , plaisante- t-elle. Sa maman n’est pas en reste. Joueuse de tennis, elle a également pratiqué la planche à voile, joué au golf, couru unmarathon, et aujourd’hui nage en mer chaque matin. Le sport a toujours fait partie de son éducation. “Ça nous a appris le dépassement de soi et le respect de l’autre. On ne lâche pas”, résume Maharaki. Famille recomposée La leçon lui a bien servi. D’abord, pour se lancer dans des études de cinéma. “Je rêvais de ce monde-là, mais ça paraissait complètement fou”, se sou- vient-elle. Elle a ainsi commencé par des études d’art avant de s’avancer dans le cinéma et d’intégrer l’École internationale de création audiovi- suelle et de réalisation de Paris (Eicar). Depuis, la réalisatrice s’est fait un nom et un palmarès. 2011 est un premier tournant avec le court-métrage Vivre, sélectionné dans plus d’une cinquan- taine de festivals, récompensé de 11 prix, présenté en conférence de presse au Marché du film de Cannes. Un rêve de gosse. De retour sur Terre, en Martinique, ses journées de travail se répartissent et s’organisent entre le bureau et sa maison de Schœlcher, où elle habite avec son compagnon Maharaki,
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