ANFORM GUADELOUPE N85

juillet - août 2019 • anform ! 91 Quels sont les risques ? Tout d’abord, des risques biologiques liés à la prolifération des insectes, des saletés et des bactéries. Puis, des risques chimiques en liaison avec des intoxications au CO 2 , eau souillée, alimentation avariée. L’accu- mulation de papiers et des autres produits combustibles augmente le risque d’incendie. Enfin, les gênes psychologiques :inconfort,troubles de l’humeur, syndrome anxio-dépressif. Comment réagir ? L’absence de jugement est la pre- mière posture et attitude à adopter. Il faut tenter de comprendre comment l’individu a pu en arriver là et déterminer s’il s’agit d’un trouble neurologique, psychologique ou d’un choix de vie. Un bilan psychologique et médical tentera de déceler s’il y a une maladie psychiatrique pour envi- sager une hospitalisation s’il s’agit d’une démence de type Alzheimer, d’un trouble schizophrénique ou paranoïaque. La seule issue semble alors l’hospitalisation, même si celle- ci reste brutale. La rupture avec le domicile et avec ce mode de vie est souvent vécue comme une blessure narcissique profonde. Si aucune maladie n’est détectée, il faut respec- ter le choix de vie de la personne et sa liberté.En effet, si la personne jouit de sa pleine capacité de conscience, il est difficile d’intervenir. Priver un individu de son habitat, quel qu’il soit, peut avoir des conséquences graves allant parfois jusqu’au suicide. Cela montre bien l’importance du loge- ment venant comme suppléer le“soi”. C’est une béquille psychique pour l’être humain ! Rénovation urbaine : “Ils perdaient leurs repères” “Dans le cadre du renou- vellement urbain de la région pointoise, nous nous sommes aperçus que beaucoup de personnes âgées vivaient très mal leur relogement et présentaient un syndrome de Diogène. Déménager après avoir vécu 40 ans dans son logement est difficile. Ils perdent leurs repères, ne veulent pas se séparer de leurs souvenirs (certains accumulaient les souvenirs des enfants décé- dés). Pour les accompagner, nous avons mis en place des ateliers urbains autour d’un petit-déjeuner avec une psychologue et mené des entretiens individuels. Et puis, il y a ceux qui ont dû quitter une maison pour entrer dans un petit appar- tement. Un véritable choc. Ils avaient leurs habitudes de vie (nourrir les poules…), doivent déménager et veulent tout emporter. On leur propose aujourd’hui un accompagnement social renforcé sur 2 ans. En amont, on a aussi déployé le Ruzabus qui propose aux familles dont le logement va être démoli de visiter leur nouvelle résidence, de se projeter à travers un appar- tement témoin.” Cindy Abraham, chef de service coordi- nation des interventions sociales à Cap excellence, Guadeloupe.

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