ANFORM GUADELOUPE N85

8 anform ! • juillet - août 2019 de personnes possible.Le projet a été porté par tous, médias, population, ville de Baie-Mahault, collectivités. Je félicite le professionnalisme des agents et des ingénieurs des routes de Guadeloupe qui ont supervisé le chantier avec une précision millimé- trée. La communauté des sourds et malentendants impliqués était fière. Une autre association de sourds et malentendants a fait connaître son mécontentement de n’avoir pas été consultée. Mais si cette œuvre leur a permis de réagir, de sortir du silence, pour moi cela reste très positif ! Quels sont vos projets en cours ? Je travaille actuellement sur le Gwa- dadli festival pour lequel j’anime deux ateliers afin de créer des œuvres en synergie avec la population. Je suis également sur un projet avec un cabinet d’avocats spécialisé dans les accidents corporels de la route. Ce projet devrait voir le jour fin 2019 sur plusieurs sites de l’île.Des œuvres monumentales pour sensibiliser de manière originale et percutante à la sécurité routière... ••• Vous associez les citoyens à la réa- lisation de vos œuvres. Pourquoi ? L’art est un outil pour se rapprocher et échanger. Par exemple, dans le cadre de l’opération d’embellissement de Pointe-à-Pitre menée par le mouve- ment citoyen Pli bèl lari, il s’agissait de créer une œuvre spontanée à l’empla- cement d’une maison disparue dans un incendie rue Dugommier. Asso- cier les habitants à la création d’une œuvre d’art, c’est développer leur estime de soi.Cette œuvre leur appar- tient et ils ont envie d’en prendre soin. Êtes-vous sensible au développe- ment durable ? Pour mes sculptures, je collecte régu- lièrement des matériaux tels que du plastique, du métal, du bois, des palettes… C’est une façon de donner une seconde vie aux objets, de reva- loriser les déchets. Les gens jettent beaucoup de choses qui peuvent être sublimées. C’est un défi de leur donner une seconde vie, de trans- former la matière et penser à ce que nous laisserons aux générations futures. Plus d’infos : retrouvez Jérôme Jean-Charles sur Instagram @jchartist ou FacebookJ-ch artist et UKA sur Instagram @united_karibean_artists ou facebookUKA : unitedkaribean artists. Le Serac Antilles-Guyane milite pour une meilleure acceptation de la surdité, pour faire bouger les mentalités et permettre aux sourds de trouver leur place aux Antilles. Isolés, exclus, privés d'une éducation adaptée, les sourds grandissent sans épanouis- sement social et éducatif. Cette communauté souffre en silence du manque d'intérêt des pou- voirs publics, de l'ignorance de la population, de l'indifférence des politiques. En proposant d’ap- prendre la langue des signes et en développant des projets artis- tiques comme celui de Jérôme, l’association veut sortir les malen- tendants de leur isolement. Zoom sur le Serac © DR © DR