ANFORM GUADELOUPE N81
novembre - décembre 2018 • anform ! 115 produit, mais fabriqué à l'autre bout dumondequandlesucredecanne, lui, est fabriqué à notre porte, par des sociétés locales. Et la seconde famille ? Elle regroupe les substituts du sucre, comme l'aspartame ou la stévia. D'un point de vue chimique, ces “édulcorants intenses” n'ont pas grand-chose à voir avec le saccha- rose. Ils regroupent des substances très diverses, d'origine végétale ou obtenues par synthèse chimique. Ils ont pour point commun de présen- ter un pouvoir sucrant très élevé, de plusieurs dizaines àplusieurs milliers defois supérieur àcelui dusucrede table. Perçus par des récepteurs du goût, sur la langue, ils provoquent dans le cerveau lamême sensation de sucré et lemême plaisir (même si s'ajoutent parfois des arômes différents). Mais dans le système digestif, puis dans l'organisme, leur sortestdifférent. Ilsnesontpastraités comme les sucres, ne déclenchent pas de production d'insuline, ne sont pas stockés par le foie... et ne peuvent être utilisés comme source d'énergie par les cellules. Leur pouvoir caloriqueest très faible, voire nul. A priori, donc, ces édulcorants intenses neprésentent pas derisque d'obésité, dediabète, ni de stéatose du foie. Cette famille a longtemps été dominée par des produits de synthèse (saccharine, aspartame, sucralose). Mais leur réputationaété miseàmal quandl'aspartameaété suspecté d'être cancérigène. Même si ces accusations ont étébalayées, notamment par un avis de l'autorité européenne de sécurité alimentaire (EFSA) qui confirmait son innocuité en2013, elles ont préparélesuccès delastévia, uneplantecontenant un édulcorant intense. FLORE INTESTINALE La diversification du marché des alternatives au sucre, et les craintes d'un scandale sanitaire, ont conduit l'Anses à produire, en février 2018, unavis sur ces édulcorants intenses. Rassurant, son évaluation ne permet pas “d’établir de lien entre la consommation des édulcorants et l’habituation au goût sucré, ni de lien avec des risques accrus de diabète ou de cancers”. PourCatherineAtlan, il faudra cependant en savoir plus avant d'avoir unavis définitif. “On se demande notamment l'effet qu'ils ont sur la flore intestinale.” Mais aucun effet néfaste n'a été révélé, alors mêmeque lastévia notamment est consommée depuis longtemps en Asie et en Amérique duSud. Enrevanche, l'avisdel'Anses soulignequesontravail “ne démontre aucun bénéfice de la consommation d’édulcorants intenses sur le contrôle du poids, la glycémie chez les sujets diabétiques ou l’incidence du diabète de type 2”. En bref, il ne faut pas compter sur eux pour perdre du poids ni équilibrer sonmétabolisme. Moraledel'histoire? “Le sucre, on en a besoin, c'est une source d'énergie basique, rappelleCatherineAtlan. Ce qui est néfaste, c'est l'excès !” Une petite cuillère dans un yaourt, deux boulesdeglacecoco, pourquoi pas? Mais pour se désaltérer, on préfère l'eau. *Agencenationaledesécuritésanitairede l’alimentation, del’environnementetdutravail Affaire à suivre… Les édulcorants intenses sont autorisés en Europe dans l'alimen- tation humaine en tant qu'additifs alimentaires. L’Autorité euro- péenne de sécurité des aliments (EFSA) est en train de réévaluer toutes les autorisations de ces additifs, pour prendre en compte les résultats des toutes dernières études. Le cas des édulcorants sera examiné fin 2020.
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