ANFORM GUADELOUPE N75

novembre - décembre 2017 • anform ! 153 de retrouver l’équilibre d’avant l’événement. Mais quitter le lieu, l’île par exemple, n’empêche pas l'installation de cet état de stress post-traumatique chez des sujets vulnérables” , avertit le spécialiste. Enfin, certaines victimes présentent des signes d’hyper-vigilance, un état d’alerte quasi-permanent : irri- tabilité, hypersensibilité, troubles de l’attention et de la concentra- tion, sentiment de profonde fatigue physique et psychique. “Je n’ai plus le courage.” Elles se sentent en permanence menacées. Les dépressions et les troubles anxieux (attaque de panique, agoraphobie, trouble anxieux généralisé) sont très fréquents. Mais, également, les troubles du comportement alimen- taire, du sommeil, les addictions (alcool, drogues), etc. Avec des conséquences sur la vie affective, sexuelle, professionnelle et sociale. RÉAGIR VITE Certains disent ne pas avoir le temps d’aller voir un psychologue, accaparés par des démarches administratives, des travaux... Et continuent d’afficher le masque du sourire devant les enfants qui, eux, ne sont pas dupes. Ne rien faire, c’est laisser l’empreinte de cet événement s’enfoncer un peu plus dans notre identité. Avec, en prime, un fort risque de développer des phobies et des problèmes de santé. “La prise en soin doit être réalisée le plus précocement possible, c’est-à-dire au plus près de l’événement, de 48à 72h si possible. Elle doit être nécessairement assurée par des professionnels formés à la victimologie. Leur mission étant de réduire la détresse psychologique et émotionnelle et prévenir les troubles. Le rôle de prévention inclut aussi le repérage des personnes les plus vul- nérables et leur orientation vers des consultations spécialisées (centre médico-psychologique, profession- nels libéraux)” , signale PatrickRacon. SUIVRE UNE THÉRAPIE “Heureusement, nous avons tous, à des degrés divers, développé des capacités de résilience” , rassure le professionnel. Commencer, par exemple, par la parole qui libère et soulage. Ou se faire accompagner lorsque l’émotion devient trop forte. Des solutions existent. “Il n’est jamais trop tard pour démarrer l’accom- pagnement, mais il est plus aisé d’accompagner la personne quand le trouble n’est pas encore installé. Les thérapies cognitives, compor- tementales, psychocorporelles ont prouvé leur efficacité.” L’EMDR(Mou- vement des yeux, désensibilisation et retraitement) est préconisée par l’Or- ganisation mondiale de la santé. Les thérapies d’inspiration psychanaly- tique sont plus longues, mais peuvent être tout aussi efficaces. En revanche, l’OMS déconseille la prise de médi- caments à base de benzodiazépine dans le mois suivant un événement stressant. Ces derniers bloquent les mécanismes de guérison du corps. Affronter ses peurs se révèle, en définitive, réparateur et accélère le travail de deuil d’un passé qui n’existe plus. “Un deuil qui va devoir laisser la place à la restauration narcissique et à la restauration de soi” , encourage PatrickRacon. 1 La dissociation est un état de conscience modifié probablement destiné à soustraire la victime de l’horreur de la situation vécue. 1 - Laisser la victime parler et répéter la scène autant de fois que nécessaire. “Il ne faut pas rejeter les sentiments ressassés par la personne en souffrance. C’est une étape nécessaire ! Le ressassement disparaîtra en quelques semaines lorsque le trauma- tisme sera digéré et accep- té” , conseille Patrick Racon, psychologue clinicien. 2 - L’informer sur les symp- tômes de l’ESPT. Cela l’aidera à comprendre ses réactions et à s’exprimer dès l’appa- rition de certains signes cliniques. 3 - La soutenir, être bienveil- lant. 4 - L’aider à vivre normale- ment et reprendre le contrôle de sa vie. 4 clés pour aider un proche

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