|Rendez-vous| 10 |anform ! ◆ septembre - octobre 2024| Clément Anin, un médecin à suivre ◆ Par Boni Kwaku Médecin anesthésiste-réanimateur au Centre hospitalier de Martinique (Chum), Clément Anin perce sur les réseaux sociaux avec « Sa ki ni doc ? », le compte de vulgarisation médicale aux 10 000 abonnés. Portrait. « Aujourd’hui, on va parler… » C’est le gimmick de Clément Anin pour débuter ses vidéos sur son compte Instagram « Sa ki ni doc ? ». Depuis novembre 2023, le médecin anesthésiste- réanimateur du Chum rassemble 10 000 followers. Le décor est sobre. Un mur, un plan, un discours. Debout face caméra, le jeune soignant de 32 ans déroule en 1 min 30 sa thématique du jour qu’il achève toujours par : « Prenez soin de vous ! » Humour et pédagogie Actualités, cancers, maladies chroniques, Clément Anin explique, avec humour et pédagogie pour mieux faire passer ses messages d’information et de prévention, les enjeux médicaux propres aux Antilles. Mais ce qui semble facile à l’écran requiert un travail non négligeable en amont. « Je commence par des recherches sur des sites référencés. J’écris mon script durant 1 h 30 environ. Puis, vient le tournage de 30 min. Je fais plusieurs prises », concède Clément Anin. En effet, le perfectionniste apprend son texte par cœur pour donner ce sentiment d’aisance et de naturel. Mais le labeur ne s’arrête pas là. Le trentenaire passe 4 h au montage pour accoucher de ces 90 secondes. « Je suis médecin et pas créateur de contenus », reconnaît-il humblement. L’exercice est chronophage. « C’est difficile pour moi de tenir le rythme [il réalise 1 à 2 vidéos par mois]. J’ai une femme, un bébé et un travail qui me demandent du temps. » Parcours d’excellence Clément Anin a la transmission dans la peau. Déjà lycéen, sa première vocation était d’enseigner « au lycée ou à l’université. Mais quand j’ai vu la paresse et l’irrespect des générations qui arrivaient, je me suis vite dit que je ne pourrai pas ! J’aimerais enseigner et transmettre mais il faut que les gens en aient envie », affirme-t-il. Alors, sur la plateforme post-bac, il ne formule qu’un vœu : médecine. Parce que, pour lui, c’est un métier qui permet de « soigner les gens, améliorer leur vie, leur santé physique et mentale ». Le futur médecin veut « instruire pour faire grandir ». On sent déjà les prémices de « Sa ki ni Doc ? ». S’en suit un parcours d’excellence. Après sa 1ère année de médecine à l’Université des Antilles et de la Guyane d’où il sort 6e sur 750 étudiants, il s’envole pour Lyon de 2011 à 2016. Après l’Examen de classement national (ECN) à la 6e année, il choisit parmi les spécialités les plus plébiscitées celle d’anesthésiste-réanimateur. Destination Martinique pour l’internat, sans hésiter ! Lui qui a vécu « cinq belles années d’autonomie et de découvertes » à Lyon reste attaché à son territoire : « Quand l’hiver arrivait, j’avais le gwo pwèl1de décembre », s’émeut-il. Et d’ajouter : « Avoir de l’expérience, c’est essentiel. Mais je ne me visualise pas ailleurs que chez moi. J’aime mon pays, les gens, la mer et j’ai toujours voulu que mes parents voient grandir leurs petits-enfants. »
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