ANFORM GUADELOUPE N115

|anform ! ◆ juillet - août 2024| 33 À ce titre, Marie-Laure Ladire a été convoquée au Tribunal de grande instance dans le cadre de la lutte contre le trafic d’organes, et ensuite au Comité donneur vivant afin de vérifier la liberté de décision du donneur. ◆ Des risques pour le donneur Le parcours de greffe dure un peu plus de 5 mois. En tant que donneur, Marie-Laure a réalisé une série d’examens, échographie cardiaque, mammographie, frottis, scanner du rein, test à l’effort… « Sur le papier comme sur le terrain, c’est contraignant, on doit le dire, mais au bout il y a la vie. Et il n’y a pas un seul rendez-vous où je n’ai pas été encouragée. Les professionnels sont extrêmement bienveillants », se souvient la maman de 53 ans, opérée à l’hôpital Bicêtre, à Paris. « Le néphrologue explique tout : la durée de l’intervention (4 h), les jours d’hospitalisation, les risques d’hypertension ou de devenir diabétique ou, cas rarissime, de tomber soi-même en insuffisance rénale si le second rein n’assure pas les fonctions. » Des complications qui n’ont pas effrayé la mère célibataire, interrogée quelques semaines avant l’intervention chirurgicale. « Au contraire, en toute honnêteté, je le fais sans peur. Je me suis tellement battue. Je veux être un exemple pour les autres », ajoute la Goyavienne (Guadeloupe). ◆ Un lien très fort La maladie rénale chronique est deux fois plus fréquente aux Antilles par rapport à l’Hexagone. « 30 à 60 greffes sont réalisées chaque année en Guadeloupe et 250 patients sont inscrits sur la liste d’attente, mais le nombre de greffons prélevés dans notre région est insuffisant, et les patients et leur famille ne sont pas assez informés de cette possibilité de traitement », déplore la professionnelle de santé du CHU de l’archipel. À titre d’exemple, le frère aîné de Marie-Laure a attendu 17 ans avant de recevoir un rein en 2022, d’un donneur décédé. Alors pas question pour elle, de faire attendre son fils. « Il est jeune, en recherche d’emploi. Il a dû mettre sa vie professionnelle entre parenthèses. Sa maladie a pris le dessus, c’est son combat, mais aussi le mien », affirme cette maman déterminée. Au départ, Tyler, ne voulait pas que sa mère se « mette en danger de vivre avec un seul rein », mais il a fini par accepter son choix. « Ça fait trop longtemps qu’elle se bat contre ma maladie. Depuis tout petit, on a un lien très fort, elle m’a aidé à m’accepter, à vivre avec ma maladie. J’ai une très grande reconnaissance envers elle », termine Tyler.Depuis, tous les deux affirment être encore plus proches l’un de l’autre. ◆ Je suis révoltée Pour Tyler comme pour Marie-Laure, il était plus qu’important de sensibiliser au don d’organe. « Je pense à toutes les familles en attente et dans le besoin et qui méritent cette renaissance. Là, je suis dans cette démarche pour mon fils, mais j’ai toujours ma carte de donneur de don d’organe sur moi. C’est important. Je suis révoltée quand j’entends l’Établissement français du sang qui multiplie les appels, faute de don. Ça devrait être la base. On dit des Antillais qu’ils sont solidaires, donc j’appelle à un éveil de la solidarité », lance Marie-Laure accompagnée de son fils.

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