ANFORM GUADELOUPE N104
8 anform ! • septembre - octobre 2022 rencontre ••• À l’approche de ses 15 ans de carrière comme infirmière-anesthésiste, Suzie Urcel voit son investissement professionnel récompensé par le prix Curie. Retour sur la vie d’une femme déterminée. PAR BONI KWAKU L e 18 janvier 2022, au siège de l’Institut Curie (Paris), Suzie Urcel rem- porte une belle victoire. a Guadeloupéenne, infirmière- anesthésiste, est la lauréate du prix Curie. C’est la première fois que la distinction annuelle est décernée à un personnel soignant non médical. Pour la direction de ce centre de recherche et de traitement du cancer, ce prix marque une volonté de récompenser l’engagement des per- sonnels. Depuis 5 ans, le prix Curie est un moment important de la vie du centre. “Je me suis sentie comme une star”, se rappelle Suzie, sourire aux lèvres. “Il y a eu une commu- nication interne très importante. J’ai été sollicitée pour des interviews, une séance de shooting. Je ne suis pas habituée à être dans la lumière. C’était gênant. Pourquoi moi ?” Aucune surprise dans les commen- taires sur l’intranet de l’institut : “Ce prix te revient avec une évidence cer- taine.” “Plus qu’une professionnelle impliquée auprès des patients et de l’équipe, c’est une femme exception- nelle. Un modèle d’évolution pour les plus jeunes. Merci à toi Suzie de me montrer la voie.” Grande famille “Ce prix est pour moi une reconnais- sance de mon engagement sans faille à l’institut. C’est un signal fort envoyé aux soignants par ces temps difficiles. Je suis vraiment fière d’appartenir à cette grande famille” , souligne Suzie lors de son discours. Les mots ne sont pas choisis au hasard. L’entourage a beaucoup compté tout au long du parcours de la quadragénaire. Elle intègre comme infirmière-anesthésiste, en 2008, le bloc opératoire du pôle hospitalier de l’Institut Curie à Saint- Cloud (Hauts-de-Seine). “Quand je suis arrivée à Curie, j’ai tout de suite vu que c’était un établissement pour moi, à taille humaine. Nous étions une petite équipe de six infir- mières-anesthésistes. J’étais la plus jeune et j’ai été très bien accueillie” , déclare-t-elle. “L’esprit d’équipe est très important, car même seul avec un patient, on a toujours besoin des autres. Je suis une forte tête mais je sais m’écraser dans un collectif”, précise Suzie. À son poste précé- dent, au service de réanimation cardiaque de l’hôpital européen Georges-Pompidou, Suzie était déjà comme dans un cocon. Une équipe de jeunes diplômés du même âge, qu’elle voyait à l’extérieur lors de balades en vélo. Stress positif Et pour Suzie, être bien entourée, c’est important. Tout commence à Capesterre Belle-Eau (Guadeloupe). Cadette d’une famille de quatre enfants, Suzie a connu “une enfance heureuse dans un milieu sain”. Son père est agent hospitalier. Sa mère donne des cours de cuisine et couture dans une école de sourds et muets. L’éducation stricte ne l’a pas empêchée de recevoir beaucoup d’amour et de soutien. Bonne élève au lycée, Suzie se laisse emporter par le vent de liberté des années Fouillole. Elle reconnaît la déception de ses parents. Mais ils n’ont pas coupé les vivres. Après plusieurs échecs en Deug de biologie, elle décide de quitter la Guadeloupe Suzie Urcel, infirmière engagée © INSTITUT CURIE - DIRECTION DE LA COMMUNICATION
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