ANFORM GUADELOUPE N104
septembre - octobre 2022 • anform ! 135 et humide, et son constat est plutôt positif. “Il y a pas mal d’insectes liés au bois mort, comme des scarabées. En milieu ouvert, on a même vu un petit papillon très rare, le Chlorost- rymon lalité, et du côté du centre équestre plusieurs papillons de nuit habituellement peu visibles.” L’ento- mologiste explique ces résultats par le bon état de l’habitat aérien, végétal et herbacé. Contrairement à l’habitat aquatique pollué en “hydrocarbures et en métaux lourds par endroits” , selon plusieurs observations. Très peu de mollusques et de crustacés, ont été relevés. La biologiste en milieu aquatique, Marion Labeille, a identifié “deux espèces locales. Des tarpons et des juvéniles, des dormeurs a priori, et des poissons exotiques” de type guppy. PREMIER INVENTAIRE Pour avancer jusqu’à leur objectif, une prairie de fougères, Magalie et Jérémy visent les troncs d’arbres avec une pré- férence pour les contreforts du mangle médaille. Une espèce emblématique de ce genre de milieu, encore très présente, surnommée “sang dragon” pour sa sève rouge, et surtout très pra- tique pour s’y accrocher lorsque les jambes s’enfoncent, parfois jusqu’au bassin ! Seul le bruit permanent des voitures rappelle l'activité économique voisine. La forêt semble préservée, mais elle n’en reste pas moins fragile. Les résultats de cette étude permet- tront d’établir “un état zéro” puisque “c’est le premier inventaire naturaliste complet réalisé depuis l’expansion de Jarry” dans les années 1970, précise Jérémy Amiot. Le Conservatoire espère “améliorer l’état écologique et hydrolo- gique de la forêt marécageuse et de la mangrove, valoriser le site par l’amé- nagement d’un sentier permettant de limiter l’expansion urbaine et indus- trielle”, résume l’agent, en “maintenant la continuité écologique”. C’est-à-dire, assurer le déplacement des espèces autour des axes routiers. OCCUPATION ILLÉGALE Ici, comme dans la plupart des zones humides, l’urbanisation grignote du terrain. À Jarry, “27 ha sont occupés sans titre par des entreprises ou par des privés” , regrette Jérémy Amiot, précisant que déjà “65 ha ont été perdus entre 1950 et 2017, selon une étude de 2019, de l’Office national des forêts. Le Conservatoire du littoral travaille à la libération de ces zones depuis 2016, en rencontrant les occu- pants et en favorisant un accord de retrait à l’amiable” . Plusieurs solutions sont envisagées : le retrait direct et total, ou le retrait progressif sur plu- sieurs années via une convention d’occupation temporaire qui fixe les conditions à respecter et dans laquelle l’occupant s’engage à réfléchir à une stratégie de recul pour sortir complè- tement du domaine public maritime affecté au Conservatoire. Objectif : protéger les zones humides qui nous rendent de nombreux services. En effet, elles limitent les inondations, servent de refuge à de nombreuses espèces, contribuent à l’amélioration de l’eau, participent à la réduction du réchauffement climatique et sont de véritables remparts contre les aléas climatiques, nombreux aux Antilles. *Selon l’association du Grand Jarry. © BÉNÉDICTE JOURDIER Jérémy Amiot, agent du Conservatoire du littoral. Le mangle médaille, espèce emblématique du milieu.
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