ANFORM GUADELOUPE N104

134 anform ! • septembre - octobre 2022 ecolo JARRY : une biodiversité fragile Au cœur de la zone économique et industrielle de la Guadeloupe, résiste un petit bout de nature. Une zone humide de 200 hectares, sous la responsabilité du Conservatoire du littoral, qui a entamé, depuis 2020, un diagnostic pour mieux la protéger. PAR BÉNÉDICTE JOURDIER Voie verte ? P our protéger un espace naturel, il faut d’abord le connaître. Rendez-vous est pris avec Jérémy Amiot, agent du Conservatoire du littoral de la Guadeloupe, dans la zone écono- mique de Jarry, derrière le bâtiment d’une grande enseigne. À peine de l’autre côté de la route, commence l’aventure. L’agent du Conservatoire du littoral et sa collègue Magalie Daco, avancent en tête, sur un tapis végétal instable imbibé d’eau. Les pas sont hésitants, même pour des natura- listes aguerris. Le milieu fermé, peu fréquenté, reste difficile d’accès. Par endroits, c’est comme marcher sur un matelas d’eau. ESPÈCES ENVAHISSANTES Difficile d’imaginer que parmi les plus de 2 000 entreprises* implantées dans la zone de Jarry, se cache une zone humide de 200 hectares. Et pourtant, elle est là, derrière le béton, le bitume et les indénombrables panneaux publi- citaires, visible depuis certains axes routiers, lorsqu’on prend le temps de l’observer. Une zone souvent mépri- sée, polluée par le dépôt de particuliers sans scrupules ou les eaux usées des industriels, quand elle n’est pas endommagée par l’occupation illégale. Sous la responsabilité du Conser- vatoire du littoral de la Guadeloupe depuis 2010, l’établissement public a lancé en 2020, un diagnostic global de la forêt marécageuse et de la man- grove. “La zone humide de manière générale n’est pas en bon état éco- logique. Nous retrouvons beaucoup d’espèces communes et d’espèces exotiques envahissantes”, explique l’agent du conservatoire alors qu’un héron (kio) , passe au-dessus de sa tête. Plus tard, il reconnaîtra le chant de la paruline jaune. “La biodiversité n’est pas d’une grande richesse, mais nous pouvons retrouver quelques espèces intéressantes sur le plan patrimonial”, précise Jérémy Amiot. ANIMAUX RARES Comme eux, plusieurs spécialistes se sont rendus sur place, équipés de bonnes chaussures et de patience. Nicolas Moulin, entomologiste attaché honoraire du Muséum national d'His- toire naturelle de Paris a installé des pièges à insectes en saison sèche © BÉNÉDICTE JOURDIER

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