ANFORM GUADELOUPE N104

septembre - octobre 2022 • anform ! 131 féminité”. Les examens médicaux sont sans équivoque : ils montrent qu’elle est intersexuée car atteinte d’hyperandrogénie. Son corps, qui produit naturellement un taux élevé de testostérone, lui offre une puissance musculaire supé- rieure aux autres femmes dont les ovaires en fabriquent moins. Dès lors, une longue bataille juridique qui va durer 10 ans s’engage entre World Athletics et les athlètes hyperandrogènes, Semenya à leur tête. Dans un premier temps, celle-ci remporte des victoires sur le terrain juridique, ce qui lui permet de continuer à concourir avec les autres femmes. Elle se bâtit un palmarès impressionnant, en gagnant deux fois les JO sur 800 m, en 2012 et 2016. TRAITEMENT HORMONAL World Athletics décide alors de mettre en place un règlement limi- tant le taux de testostérone chez les athlètes féminines, avec l’ap- probation du Comité international olympique. Les athlètes hyperan- drogènes doivent alors subir une opération ou un traitement hormo- nal pour diminuer leur taux, afin d’être autorisées à prendre part aux compétitions internationales. Mais ce règlement est suspendu pour 2 ans par le Tribunal arbitral du sport en juillet 2015, en atten- dant des preuves scientifiques du rôle de la testostérone dans la performance sportive. Grâce à cette décision, trois athlètes hype- randrogènes trustent le podium du 800 m féminin des JO de Rio. Incroyable ! Les athlètes trans- genres devant, les autres derrière. Mais, en 2019, c’est la Fédéra- tion internationale d’athlétisme qui remporte une victoire juridique majeure : la Cour suprême suisse confirme, au nom de l'équité spor- tive, le choix de World Athletics, qui astreint tout athlète hyperan- drogène à un traitement destiné à faire baisser son taux de testosté- rone. Désormais, Caster Semenya devra suivre un traitement si elle Un seuil maximal de testostérone La testostérone que les hommes sécrètent leur procure 30 % de puissance en plus que les femmes. C’est ce qui explique leurs performances supérieures, dans les sports où la force musculaire intervient. À l’aune de ces éléments, la Fédération d’athlétisme a défini en avril 2018 un seuil maximal de testosté- rone (5 nmol/l de sang) aux hyperandrogènes pour concourir avec les femmes sur des distances allant du 400 m au mile (1 609 m), et englobant donc le 800 m où la Sud-Africaine Caster Semenya excelle. Ainsi, avec ces taux abaissés, l’équité entre athlètes hyperandro- gènes et les femmes est rétablie. © CELSO PUPO / SHUTTERSTOCK.COM veut s’aligner sur le 800 m. Ce qu’elle a toujours refusé de faire. Le débat autour de l’inclusion des transgenres ou des athlètes hype- randrogènes dans le sport féminin divise encore aujourd’hui l’opinion à l’intérieur et hors de la sphère sportive. La prochaine décennie devrait voir émerger une nouvelle catégorie, celle des sportifs trans- genres, à l’image des fédérations de natation et de cyclisme. En effet, dès 2023, lors des compétitions de natation, les athlètes trans- genres pourraient concourir dans une catégorie dite "ouverte", selon la Fédération internationale de natation qui espère devenir pion- nière en matière d'inclusion dans le monde du sport. Cette fédéra- tion envisage la mise en place d'une "catégorie ouverte" pour les athlètes assignés hommes à la naissance et devenus femmes. Ils ne participeront donc plus aux compétitions féminines. Et la fédé- ration de cyclisme envisage de lui emboîter le pas. Caster Semenya remporte l’or sur 800 m aux Championnats du monde d’athlétisme de Berlin,

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