ANFORM GUADELOUPE N102

64 anform ! • mai - juin 2022 “J’ai peur d’échouer” Les choses deviennent réelles pour moi dès l’écho- graphie du 2 e mois. Je prends conscience de l’arrivée de quelqu’un à la maison. Le fœtus devient un être humain à part entière. Je dois le protéger et l’aider à grandir. Je suis assailli d’émotions contradictoires. Je suis soulagé, car le processus avance bien. Mais le poids des responsabilités est là. Je suis anxieux et j’ai peur d’échouer. Je pense à l’accouchement, à la mort subite. Je suis sans doute marqué par mon petit frère, né déficient suite à une maladie contractée durant la grossesse. Je me sens investi d’une mission : m’assurer que mon fils et ma femme restent en bonne santé pendant 9 mois. Henri, 40 ans “Je ne dis pas un mot” La première rencontre physique avec mon fils est mon souvenir le plus marquant. C’est un samedi matin. Je suis impressionné de voir qu’on peut créer un autre être humain. Il est dans mes bras et j’ouvre ma chemise. Le contact charnel le rassure. Je contemple cette boule de chaleur humaine si frêle. On échange de longs regards intenses. Je ne dis pas un mot pris par l’émotion et la joie. Je me promets à moi-même : “Sa vie dépend de moi. C’est lui la priorité.” Pascal, 38 ans “Je suis fier” Je deviens papa quand mon fils est dans mes bras. Je vis ce moment intensément et en silence. Je ne suis pas un grand bavard. Avant la naissance, c’est différent pour un père de ressentir les choses. Les échographies, ça reste des images. Je suis soulagé car l’accouchement a été difficile. Je le regarde. Son petit corps, ses yeux grands ouverts. Il est déjà très observateur. Je suis fier de réaliser le rêve de ma vie. Je ressens de la joie mêlée à de la peur et de l’inquiétude. Je suis un peu perdu. Meddy, 33 ans “Quelques larmes” Ma fille est née par césa- rienne. Je l’ai dans les bras avant sa maman. Cela crée un lien particulier entre nous. Je regarde ce petit bout de demoiselle entre mes mains et je vois notre ressemblance. “Une fille qui ressemble à son père a de la chance” , me glisse l’in- firmière. Quelques larmes coulent. Je lui chuchote que je suis son papa et lui dévoile son prénom. Je lui confie qu’il m’est apparu dans un rêve. Elle me regarde les yeux mi-clos. Je devine qu’elle se demande où elle est. Je la rassure et continue à parler pour l’habituer à ma voix. Je suis traversé par le bonheur, le soula- gement et la crainte de trop la serrer. Je demande conseil à la sage-femme. C’est une nouvelle vie qui commence pour moi. Boris, 44 ans © SHUTTERSTOCK Je suis plus fort” Quand l’infirmière met ma fille dans mes bras, je suis très ému. Il n’y a plus la barrière du ventre. Plus de photos, plus d’écho. Je sens un changement immédiat dans ma vie. Elle est là, magnifique. J’admire ses traits. Elle ressemble à mes petites sœurs. Ça me touche encore plus. Elle cherche le contact et se love tout contre moi. Elle me renvoie déjà de l’amour. Je tournoie et danse avec elle. Je verse des larmes de joie. Je ne m’attendais pas à cette vague inédite d’émotions. Je lui souhaite la bienvenue dans la famille et lui annonce son prénom. Je lui chuchote : “C’est moi qui te parlais dans le ventre de ta maman. J’espère que tu me reconnais.” Avec elle dans mes bras, je suis plus grand, plus fort. Je suis prêt à l’aider, la protéger, à assumer. Je suis officiellement papa. Thierry, 47 ans

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