ANFORM GUADELOUPE N101

8 anform ! • mars - avril 2022 à un travail de journaliste et ont énor- mément appris. “Certains d’entre nous sont mécontents qu’un tel produit ait été utilisé aussi longtemps. D’autres ont eu le sentiment de mieux comprendre l’endroit où ils vivent. Mais ce qui nous unit tous, c’est l’espoir que nous avons ressenti en rencontrant de nombreuses personnes, pêcheurs, agriculteurs, producteurs de banane, chercheurs, médecins… qui travaillent à trouver des solutions pour améliorer la situation.” La bibliothécaire du Collège Maximi- lien Vrécord à Petit-Canal a, quant à elle, invité Jessica à sensibiliser les éco-délégués en charge du dévelop- pement durable. “En quatre séances de 2 h, les élèves ont réalisé une pièce de théâtre, des affiches de sensibilisation, des planches de BD et deux plaidoyers institutionnels.” À l’issue, tous ont pris la mesure de l’évidence invisible. Au Collège des Roches Gravées à Trois- Rivières, une enseignante de SVT utilise Tropiques toxiques pour parler de la chlordécone durant ses cours. Elle mobilise également l’application Snappress, une innovation technolo- gique, pour que les élèves aient accès à du contenu augmenté, comme les sources scientifiques et les archives historiques qui ont servi à faire la BD. Consommer différemment Interrogée sur son rapport à la chlordé- cone, Jessica explique qu’elle a modifié durablement certains comportements pour vivre dans un environnement à jamais pollué. “Être informé, c’est rendre visible la molécule dans sa vie, c’est arrêter de la nier. C’est se poser des questions quand on se procure du poisson, de la viande, des œufs, des légumes. J’achète du poisson à un ou ••• deux pêcheurs dont je sais qu’ils font partie du Comité des pêches. Pour les légumes, j’opte pour des paniers d'agri- culteurs bio ou installés en agroécologie, ce qui permet de manger des fruits et des légumes locaux et diversifiés. La chlordécone permet de prendre la mesure de ce que signifie avoir une alimentation saine.” En revanche, “je ne suis pas en mesure de refuser un plat d’ignames ou un court-bouillon de poisson, chez des proches, au motif que je n’en connais pas l’origine. Je m’accorde ce libre- arbitre pour pouvoir continuer à vivre, dans le plaisir et la gratitude, avec les personnes qui m’entourent et dont j’ai la chance qu’elles soient dans ma vie”. Sargassum L’autre combat de Jessica, ce sont les sargasses. Elle a récemment colla- boré à la BD Sargassum, histoire(s) d'une marée brune qui montre notam- ment comment, en Guadeloupe, les algues servent la recherche sur la chlordécone en absorbant les résidus du polluant directement dans le sol. L’ouvrage collectif est le fruit du travail de 9 territoires et pays de la Caraïbe et d’Amérique latine. Chaque équipe est composée d’un chercheur, d’un scénariste et d’un dessinateur pour réaliser un reportage à dimen- sion scientifique d’une quinzaine de planches sur la problématique des sargasses. Interview réalisée en septembre 2021. légumes © ÉLODIE NOËL rencontre • Au "non" des miennes : BD issue d’un projet transmédia où des femmes françaises noires et métisses de 20 à 69 ans se racontent à la première personne tout en laissant apparaître les traces d'une expérience collective. • Par la main : récit d’un road trip en Martinique, entre un homme qui n’y est plus revenu depuis 40 ans et sa fille, née dans l'Hexagone. • Le monde de Mathys : un jeune métis guadeloupéen de 20 ans entretient une relation épistolaire avec quelqu’un qui répond à ses questions existentielles à partir d’apports de la littérature antillaise. D’autres projets BD en pagaille !

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