

avril - mai 2017
•
anform !
61
aussi de travailler l’altruisme, notion
centrale qui nous relie aux autres et,
donc, à nous-même. De même que
mental et corps cessent d’être divisés,
soi et non-soi se réunissent. Je ter-
mine ce week-end en ressentant une
stable et profonde joie intérieure, mal-
gré les turbulences de la traversée !
La difficulté sera de conserver une
régularité. De programmer chaque
jour 1 ou 2 temps de méditation. De
s’asseoir et d’observer son souffle,
ses pensées, son objet de méditation,
sa phrase du jour…
Ce que j’ai appris ?
J’ai enfin mon propre avis sur la médi-
tation et abandonné quelques idées
reçues…
1
ère
idée reçue :
c'est comme le yoga !
Pratiquant yoga et sophrologie depuis
de nombreuses années, je pensais
que l’exercice m’amènerait en terrain
connu. Mais la méditation vipassana
est bien spécifique. Assis en tailleur,
on ne peut se “réfugier dans l’action”.
On est seul avec soi-même et en
position rapidement inconfortable.
Jacques Vigne dispense ses encou-
ragements et ses instructions avec
parcimonie. Ainsi, on comprend
rapidement que c’est bien le silence
qui est le “maître à ne pas penser”.
Troublant.
2
e
idée reçue : c'est facile !
Je suis arrivée un peu en touriste
croyant qu’il suffit de s’asseoir dans
un endroit calme et, hop, on médite.
En fait, l’idée est de rester au cœur
de la vie et des bruits de la ville. C’est
tout l’inverse d’un caisson d’isola-
tion sensoriel ! Chaque bruit, même
celui de notre respiration, est ampli-
fié et génère son lot d’agacements.
Chaque douleur liée à la posture
amène un sentiment d’injustice ou de
colère. Mais cette impatience, ainsi
que toutes les autres émotions et sen-
sations inconfortables, font justement
partie de ce qu’il faut observer. Par
moment, pour être honnête, la lutte
a été âpre et mille excuses se sont
mises en travers du chemin. Le cer-
veau sait très bien fabriquer de “vraies
raisons” pour renoncer, trouver une
excuse et arrêter. Ces “petits diables”
montrent bien que le mental résiste
de toutes ses forces à l’exercice !
3
e
idée reçue : on va s’ennuyer !
Ça, c’était avant. Après, on se de-
mande même comment ce verbe
peut exister. Car, on ne peut pas
s’ennuyer avec soi-même ! Dès qu’on
ouvre le “capot”, il y a beaucoup de
choses à contempler, réparer, appré-
cier, découvrir… Du beau, du moins
beau… Et c’est sans doute le plus
beau cadeau de cette aventure, la fin
de l’ennui, le pas vers l’autonomie,
le recentrage vers l’intérieur au lieu
de la dispersion extérieure. C’est la
fameuse “vacuité pleine” dont parle
Jacques Vigne.
4
e
idée reçue :
c'est pour les stressés !
En fait, c’est beaucoup plus riche que
ça. Certains ont ressenti un apaise-
ment, quand d’autres sont sortis trou-
blés, ou épuisés. Mais tous ont fait de
belles découvertes et la conclusion
est unanime, le jeu en vaut vraiment
la chandelle et je ne peux que conseil-
ler vivement à chacun d’essayer. Avec
un spécialiste, car tout seul, c’est sou-
vent décourageant !
“Se soigner par la méditation”
“À la suite d'un cancer, j'ai entrepris, il y a 10 ans, des médi-
tations quotidiennes. Je ne peux qu'encourager toutes les
personnes en bonne santé d'entreprendre cette démarche de
scan corporel ainsi que l'attention sur le souffle. Mais aussi les
personnes souffrant de divers symptômes, afin d'expérimenter
la capacité de se dissocier des pensées telles que
“vous n'êtes
pas votre douleur”
. Ancienne pépiniériste, j'aime faire cette
comparaison : comme les graines qui ont besoin de chaleur,
d'humidité, de lumière et de temps, les graines de conscience
ont des besoins spécifiques pour se développer. Ainsi, la cha-
leur correspond à la relaxation (se poser), l'humidité à l'amour,
la lumière à l'attention juste…”
Marie-Christine Martz, pratiquante
© ISTOCK