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avril - mai 2017

anform !

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aussi de travailler l’altruisme, notion

centrale qui nous relie aux autres et,

donc, à nous-même. De même que

mental et corps cessent d’être divisés,

soi et non-soi se réunissent. Je ter-

mine ce week-end en ressentant une

stable et profonde joie intérieure, mal-

gré les turbulences de la traversée !

La difficulté sera de conserver une

régularité. De programmer chaque

jour 1 ou 2 temps de méditation. De

s’asseoir et d’observer son souffle,

ses pensées, son objet de méditation,

sa phrase du jour…

Ce que j’ai appris ?

J’ai enfin mon propre avis sur la médi-

tation et abandonné quelques idées

reçues…

1

ère

idée reçue :

c'est comme le yoga !

Pratiquant yoga et sophrologie depuis

de nombreuses années, je pensais

que l’exercice m’amènerait en terrain

connu. Mais la méditation vipassana

est bien spécifique. Assis en tailleur,

on ne peut se “réfugier dans l’action”.

On est seul avec soi-même et en

position rapidement inconfortable.

Jacques Vigne dispense ses encou-

ragements et ses instructions avec

parcimonie. Ainsi, on comprend

rapidement que c’est bien le silence

qui est le “maître à ne pas penser”.

Troublant.

2

e

 idée reçue : c'est facile !

Je suis arrivée un peu en touriste

croyant qu’il suffit de s’asseoir dans

un endroit calme et, hop, on médite.

En fait, l’idée est de rester au cœur

de la vie et des bruits de la ville. C’est

tout l’inverse d’un caisson d’isola-

tion sensoriel ! Chaque bruit, même

celui de notre respiration, est ampli-

fié et génère son lot d’agacements.

Chaque douleur liée à la posture

amène un sentiment d’injustice ou de

colère. Mais cette impatience, ainsi

que toutes les autres émotions et sen-

sations inconfortables, font justement

partie de ce qu’il faut observer. Par

moment, pour être honnête, la lutte

a été âpre et mille excuses se sont

mises en travers du chemin. Le cer-

veau sait très bien fabriquer de “vraies

raisons” pour renoncer, trouver une

excuse et arrêter. Ces “petits diables”

montrent bien que le mental résiste

de toutes ses forces à l’exercice !

3

e

 idée reçue : on va s’ennuyer !

Ça, c’était avant. Après, on se de-

mande même comment ce verbe

peut exister. Car, on ne peut pas

s’ennuyer avec soi-même ! Dès qu’on

ouvre le “capot”, il y a beaucoup de

choses à contempler, réparer, appré-

cier, découvrir… Du beau, du moins

beau… Et c’est sans doute le plus

beau cadeau de cette aventure, la fin

de l’ennui, le pas vers l’autonomie,

le recentrage vers l’intérieur au lieu

de la dispersion extérieure. C’est la

fameuse “vacuité pleine” dont parle

Jacques Vigne.

4

e

 idée reçue :

c'est pour les stressés !

En fait, c’est beaucoup plus riche que

ça. Certains ont ressenti un apaise-

ment, quand d’autres sont sortis trou-

blés, ou épuisés. Mais tous ont fait de

belles découvertes et la conclusion

est unanime, le jeu en vaut vraiment

la chandelle et je ne peux que conseil-

ler vivement à chacun d’essayer. Avec

un spécialiste, car tout seul, c’est sou-

vent décourageant !

“Se soigner par la méditation”

“À la suite d'un cancer, j'ai entrepris, il y a 10 ans, des médi-

tations quotidiennes. Je ne peux qu'encourager toutes les

personnes en bonne santé d'entreprendre cette démarche de

scan corporel ainsi que l'attention sur le souffle. Mais aussi les

personnes souffrant de divers symptômes, afin d'expérimenter

la capacité de se dissocier des pensées telles que

“vous n'êtes

pas votre douleur”

. Ancienne pépiniériste, j'aime faire cette

comparaison : comme les graines qui ont besoin de chaleur,

d'humidité, de lumière et de temps, les graines de conscience

ont des besoins spécifiques pour se développer. Ainsi, la cha-

leur correspond à la relaxation (se poser), l'humidité à l'amour,

la lumière à l'attention juste…”

Marie-Christine Martz, pratiquante

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