

avril - mai 2016
•
anform !
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ma
santé
place, le chirurgien fait glisser un implant
qui se déplie pour se mettre en position.
Mais avant, il aura fallu dilater l’iris, tra-
verser la cornée et parvenir au cristallin.
L’incision étant réalisée en “escalier”, elle
se referme très rapidement. Plus besoin
de points. C’est moins traumatisant, plus
étanche et hermétique. Le patient quitte
l’hôpital dès l’intervention achevée avec
pour seule contrainte de prendre des anti-
biotiques et des anti-inflammatoires sous
forme de gouttes, en évitant de se frotter
l’œil. La récupération visuelle se fait en
quelques jours ou quelques semaines. La
vue est de nouveau parfaite. Toutefois, le
port de lunettes d’appoint pour la vue de
près s’impose.
• quel taux de réussite ?
Selon les chiffres, l’opération réussit dans
99 % des cas. Il est toujours possible
d’avoir une capsule fragile qui rompt ou
encore un implant qui ne se positionne
pas bien, mais c’est rarissime, au même
titre qu’un rejet d’implant. Le seul vrai
risque, c’est une réaction allergique.
1 cas sur 3 000, d’où l’importance de
prendre des gouttes dans le mois qui suit
l’intervention. Sinon, à long terme, un
décollement de rétine peut se produire
(1 à 5 % des cas sensibles), surtout si
le patient présente un autre facteur de
risque au départ, comme une grande
myopie. Pour toutes ces raisons, l'inter-
vention de la cataracte ne doit pas être
banalisée. Bertille a subi cette interven-
tion en 2007, le chirurgien lui a proposé
un implant multifocal, dernière généra-
tion à l’époque. La différence avec un
mono-focal est qu’il n’exige pas le port
de lunettes. Depuis cette date, Bertille
voit en dédoublé de loin avec une sorte
de voile permanent. Elle est incapable
de conduire la nuit à cause des halos et
du dédoublement. Au début, le médecin
pensait qu’il s’agissait d’un problème de
cicatrisation, mais 8ans plus tard rien n’a
changé. Aussi n’a-t-elle jamais voulu se
faire opérer de l’autre œil.
• quelles exceptions ?
En 2015, le danger ne vient donc plus de
l’intervention en elle-même, mais des ma-
ladies de la cornée, visibles uniquement
au moment de l’opération. C’est pourquoi
le chirurgien ne fera jamais les deux yeux
enmême temps. Autre réalité, si le patient
a un âge certain, sa cataracte est vieille,
trop dense, tropmûre. Dans ce cas, il n’est
pas possible d’utiliser les ultra-sons. Il faut
revenir à la technique précédente. C’est
pourquoi, dès les premières gênes, il faut
consulter. Les signes précurseurs arrivent
avec cette sensation de voile permanent
et le changement des couleurs. Autre élé-
ment fondamental à prendre en compte,
les UVsont un facteur du vieillissement de
l’œil. Ils favorisent énormément la cata-
racte. Et ici, sous nos latitudes, elles appa-
raissent de manière précoce. Il n’est pas
rare d’opérer quelqu’un de 60-65 ans,
voire à partir de 40 ans.
Ça, c’était avant…
Il y a une vingtaine d’années,
une autre technique était pra-
tiquée, avec incision franche
de la cornée, avant d’extraire
toute la capsule du cristallin
pour la remplacer. C’était la
technique dite intra-capsulaire,
particulièrement traumati-
sante. Puis, la chirurgie est
passée à l’extra-capsulaire.
Néanmoins, il fallait toujours
inciser et refermer par une
dizaine de points. Du même
coup, la cornée, qui initiale-
ment est parfaitement sphé-
rique, prenait la forme plus ou
moins prononcée d’un ballon
de rugby et provoquait dans
la majorité des cas, un astig-
matisme très prononcé. Ce
que l’on gagnait en confort
d’un côté, on risquait de le
perdre de l’autre. Par ailleurs,
le fait d’inciser la cornée et de
la laisser à l’air, même peu de
temps, provoquait souvent des
infections, voire des œdèmes
maculaires. Désormais, les
incisions sont minuscules.
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