

avril - mai 2016
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anform !
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ma
santé
leur sein, leur corps”
, reconnaît le Dr Ravi-
net. Après une chimio,
“les patientes ont
souvent une sexualité bouleversée en lien
avec la modification du corps : prise de
poids, chute des cheveux, fatigue, dou-
leurs, sécheresse vaginale. La reprise
d’une vie sexuelle normale peut prendre
plusieurs années”.
Quant aux traitements
hormonaux,
“ils interagissent avec la
sexualité : bouffées de chaleur, séche-
resse vaginale, baisse de la libido, dyspa-
reunie, myalgies. C’est difficile pour une
femme jeune d’accepter tous les effets de
la ménopause”.
Comme pour le cancer
du sein, les traitements des cancers de la
zone pelvienne (en particulier du col de
l’utérus, d’origine virale et plus fréquent)
altèrent aussi le corps et la sexualité.
Le médecin cite les hystérectomies, les
cicatrices, les adhérences, les carences
hormonales...
“Après radiothérapie et cu-
riethérapie, les patientes souffrent de dou-
leurs pendant les rapports, de troubles de
la lubrification, de diminution de la taille
du vagin”,
ajoute-t-elle. Autant de maux
que l’on peut soulager et qu’il est bon de
partager entre femmes concernées.
Isabelle et Annick, membres de l’association Papayes*, ont
connu le cancer. Selon elles, les groupes de parole sont plus
que nécessaires, ils font partie du soin.
“Il n’y a pas que moi”
Dans le cas des cancers gynécologiques, c’est l’intégrité phy-
sique et psychologique de notre féminité qui est atteinte. On
a beau être bien entourée, on perd confiance en nous. Il faut
se réapproprier ce corps si différent, qui réagit autrement,
qui fait mal ou ne ressent plus, qui parfois ne remplit plus ses
fonctions, notamment reproductives. C’est un travail long et
intime, encore tabou. C’est important de pouvoir rencontrer
d’autres personnes touchées par la maladie, et leurs proches.
Le partage d’expériences permet de sortir de l’isolement, de
prendre du recul, de pouvoir se dire “
Il n’y a pas que moi”
,
et parfois d’en rire. On en ressort toujours plus fort !
Isabelle Jégo
“Un miroir pour nous voir autrement”
Même bien après la maladie, beaucoup vivent toujours avec
ce manque de désir. On ne peut pas dire oui si notre corps
dit non. Des mots, des yeux bienveillants, ne peuvent qu’être
bénéfiques. Oui aux groupes de parole pour retrouver le
chemin du désir. La solution est en nous, mais parfois nous
avons juste besoin d'un miroir pour nous voir autrement.
Pendant ma maladie, j'avais le sentiment que mon corps ne
m'appartenait plus, comme si je l’avais donné au monde
médical pour qu'il me le guérisse. Je ne me reconnaissais
plus, je devenais étrangère à moi-même. Avec les traite-
ments, j'avais pris 20 kg... que j’ai ensuite perdus grâce à la
diététicienne et la pratique sportive.
Annick Maillot, ex-championne
de La Réunion de ping-pong
Elles témoignent !
* L’association pratique d’activités physiques adaptées, de yoga et soins de support a été
créée en 2012 par 2 médecins du CHU sud, les Drs Valérie Magnin et Vincent Aliamus.
Elle propose aux femmes ayant été atteintes d’un cancer du sein, des séances de marche
nordique, gym adaptée, dragon boat, yoga, danse…
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