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octobre - novembre 2015

anform !

43

ma

santé

V

ous est-il déjà arrivé

d’oublier de prendre un

médicament ? Ou d’arrê-

ter un traitement que vous

trouviez trop cher, inutile ou parce qu’il

vous donne des nausées ? Vous faites

alors partie des “non-observants théra-

peutiques”. Comme... la grande majo-

rité d’entre nous !

9 MiLLiards d’eUros

Plus de 60 % des patients souffrant

de maladies chroniques ne suivraient

pas leur prescription médicale cor-

rectement. Parce qu’elle expose aux

conséquences, parfois graves, de leurs

maladies, cette non-observance médi-

camenteuse coûterait plus de 9 mil-

liards d’euros par an àla société. Ces

constats sont les résultats de l’enquête

IMSHealth-Crip révélée fin 2014 (voir

encadré). Ce problème est difficile à

résoudre. En 2013, par exemple, en

France, deux arrêtés prévoyaient de

subordonner la prise en charge d’un

appareil destiné à traiter les apnées

du sommeil à leur utilisation effec-

tive. Ces appareils d’aide à la respi-

ration pendant le sommeil, parfois

contraignants, ne sont pas toujours

utilisés par les patients. Le coût de

leur location dépasse les 1 000 euros

par an. Leurs données d’utilisation,

communiquées à un serveur, auraient

pu permettre de vérifier leur usage

effectif. Les arrêtés ont été suspendus

par le conseil d’État. Car la non-obser-

vance médicamenteuse ne se réduit

pas àune simple “désobéissance” du

patient qu’il faudrait punir. Les non-

observants peuvent être des personnes

qui oublient leur traitement, parce que

leurs habitudes ont changé (en voyage,

àcause du décalage horaire, etc.), par

distraction, parce que le traitement est

complexe ou parce qu’elles n’ont plus

toute leur tête. On y trouve aussi des

patients qui estiment, àtort ou àraison,

que le traitement provoque trop d’effets

secondaires. Et d’autres qui ne sont pas

convaincus de son utilité.

Moins efficaces

Selon Eduardo Sabaté, un médecin qui

a rédigé un rapport sur la question pour

l’Organisation mondiale de la santé

(OMS), les conséquences de la non-ob-

servance sont cependant importantes.

“La faible observance dans les thérapies

à long terme compromet l’efficacité des

traitements, altère la qualité de vie des

Des chiffres

alarmants

2 sociétés spécialisées dans

le conseil pharmaceutique

(iMs health France et

le crip) ont révélé fin

2014 les résultats d’une

enquête sur la non-

observance thérapeutique.

Elle se concentrait sur

6 pathologies chroniques,

qui représentent le

quart des dépenses de

médicaments et comportent

un risque à terme de

complications graves :

l’hypertension artérielle,

l’asthme, le diabète de

type 2, l’ostéoporose,

l’insuffisance cardiaque et

l’hypercholestérolémie.

pendant 12 mois, la

stratégie médicamenteuse

de 170 000 patients

qui commençaient leur

traitement a été suivie.

ceux-ci ont été considérés

comme non-observants

dès qu’ils suivaient leur

traitement à moins de

80 %, que ce soit dans la

durée ou en termes de

dose. Résultats : seuls

40 % des patients ont

observé leur traitement.

ils sont seulement 13 %

chez les asthmatiques,

36 % chez les insuffisants

cardiaques, 37 % chez les

diabétiques de type 2,

40 % chez les hypertendus,

44 % chez ceux souffrant

d’hypercholestérolémie et

55 % chez ceux souffrant

d’ostéoporose.

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