

octobre - novembre 2015
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anform !
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ma
santé
V
ous est-il déjà arrivé
d’oublier de prendre un
médicament ? Ou d’arrê-
ter un traitement que vous
trouviez trop cher, inutile ou parce qu’il
vous donne des nausées ? Vous faites
alors partie des “non-observants théra-
peutiques”. Comme... la grande majo-
rité d’entre nous !
9 MiLLiards d’eUros
Plus de 60 % des patients souffrant
de maladies chroniques ne suivraient
pas leur prescription médicale cor-
rectement. Parce qu’elle expose aux
conséquences, parfois graves, de leurs
maladies, cette non-observance médi-
camenteuse coûterait plus de 9 mil-
liards d’euros par an àla société. Ces
constats sont les résultats de l’enquête
IMSHealth-Crip révélée fin 2014 (voir
encadré). Ce problème est difficile à
résoudre. En 2013, par exemple, en
France, deux arrêtés prévoyaient de
subordonner la prise en charge d’un
appareil destiné à traiter les apnées
du sommeil à leur utilisation effec-
tive. Ces appareils d’aide à la respi-
ration pendant le sommeil, parfois
contraignants, ne sont pas toujours
utilisés par les patients. Le coût de
leur location dépasse les 1 000 euros
par an. Leurs données d’utilisation,
communiquées à un serveur, auraient
pu permettre de vérifier leur usage
effectif. Les arrêtés ont été suspendus
par le conseil d’État. Car la non-obser-
vance médicamenteuse ne se réduit
pas àune simple “désobéissance” du
patient qu’il faudrait punir. Les non-
observants peuvent être des personnes
qui oublient leur traitement, parce que
leurs habitudes ont changé (en voyage,
àcause du décalage horaire, etc.), par
distraction, parce que le traitement est
complexe ou parce qu’elles n’ont plus
toute leur tête. On y trouve aussi des
patients qui estiment, àtort ou àraison,
que le traitement provoque trop d’effets
secondaires. Et d’autres qui ne sont pas
convaincus de son utilité.
Moins efficaces
Selon Eduardo Sabaté, un médecin qui
a rédigé un rapport sur la question pour
l’Organisation mondiale de la santé
(OMS), les conséquences de la non-ob-
servance sont cependant importantes.
“La faible observance dans les thérapies
à long terme compromet l’efficacité des
traitements, altère la qualité de vie des
Des chiffres
alarmants
2 sociétés spécialisées dans
le conseil pharmaceutique
(iMs health France et
le crip) ont révélé fin
2014 les résultats d’une
enquête sur la non-
observance thérapeutique.
Elle se concentrait sur
6 pathologies chroniques,
qui représentent le
quart des dépenses de
médicaments et comportent
un risque à terme de
complications graves :
l’hypertension artérielle,
l’asthme, le diabète de
type 2, l’ostéoporose,
l’insuffisance cardiaque et
l’hypercholestérolémie.
pendant 12 mois, la
stratégie médicamenteuse
de 170 000 patients
qui commençaient leur
traitement a été suivie.
ceux-ci ont été considérés
comme non-observants
dès qu’ils suivaient leur
traitement à moins de
80 %, que ce soit dans la
durée ou en termes de
dose. Résultats : seuls
40 % des patients ont
observé leur traitement.
ils sont seulement 13 %
chez les asthmatiques,
36 % chez les insuffisants
cardiaques, 37 % chez les
diabétiques de type 2,
40 % chez les hypertendus,
44 % chez ceux souffrant
d’hypercholestérolémie et
55 % chez ceux souffrant
d’ostéoporose.
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