

38
anform !
•
octobre - novembre 2015
Dossier
Cheminer en pleine
conscience
C’est la grande mode actuelle. Mar-
cher lentement ancre dans la réalité
de l’instant et la profondeur du soi.
L’objectif est de se centrer sur ses
pas et sa respiration, d’empêcher son
esprit de vagabonder, de conscien-
tiser l’environnement visuel, sonore,
tactile et olfactif. On peut reprendre
le principe de la marche afghane, ou
tout autre type de marche régulière
et pas trop rapide. On peut même
répéter une ou plusieurs pensées
positives, voire des mantras, àchaque
pas ou chaque inspiration. Un autre
exercice intéressant, pratiqué par
les adeptes de la sophrologie ou du
yoga notamment, est de décomposer
chaque pas avec le maximum de
Écrire et marcher
“Jamais je n'ai tant pensé, tant
existé, tant vécu, tant été moi,
si j'ose ainsi dire, que dans
les voyages que j'ai fait seul
et à pied sur les chemins. La
marche a quelque chose qui
anime et avive mes idées”
, a
écrit Rousseau, un des pre-
miers écrivains à relier ses pas
à sa plume. Une génération
d’“écriveurs-marcheurs” a suivi
les chemins de traverse du
philosophe : Victor segalen,
simone de Beauvoir, tho-
reau, octave Mirbeau, proust,
Robert Walser, péguy, théo-
phile Gautier, Giono, Gracq,
Debord, Flaubert, hugo,
Nietzsche, Michel de certeau,
et très récemment Axel kahn,
entre autres, ont trempé leur
plume et aéré leur inspiration
dans la boue des chemins ou
la poussière des déambula-
tions. Expirer, inspirer…
lenteur, comme un film hyper-ralenti,
en conscientisant chaque étape.
“La
marche rapide et la marche lente ne
produisent pas les mêmes effets, que
ce soit sur le corps ou sur le mental”,
explique Fabienne Croze, sophro-
logue.
“Marcher très vite ou courir
vous permettra de faire le tour de la
Terre en évacuant vos soucis. Inver-
sement, marcher lentement en pleine
conscience vous ouvre des portes plus
intérieures et vous ancre au moment
présent.
” Quand Rousseau écrivait ses
pages en marchant, ce n’était pas au
rythme d’un marathonien. De la même
façon qu’un marcheur olympique en
pleine compétition se laisse rarement
aller àla rêverie contemplative…
Toujours la même histoire du lièvre et
de la tortue !
© istock