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anform !

octobre - novembre 2015

Dossier

Cheminer en pleine

conscience

C’est la grande mode actuelle. Mar-

cher lentement ancre dans la réalité

de l’instant et la profondeur du soi.

L’objectif est de se centrer sur ses

pas et sa respiration, d’empêcher son

esprit de vagabonder, de conscien-

tiser l’environnement visuel, sonore,

tactile et olfactif. On peut reprendre

le principe de la marche afghane, ou

tout autre type de marche régulière

et pas trop rapide. On peut même

répéter une ou plusieurs pensées

positives, voire des mantras, àchaque

pas ou chaque inspiration. Un autre

exercice intéressant, pratiqué par

les adeptes de la sophrologie ou du

yoga notamment, est de décomposer

chaque pas avec le maximum de

Écrire et marcher

“Jamais je n'ai tant pensé, tant

existé, tant vécu, tant été moi,

si j'ose ainsi dire, que dans

les voyages que j'ai fait seul

et à pied sur les chemins. La

marche a quelque chose qui

anime et avive mes idées”

, a

écrit Rousseau, un des pre-

miers écrivains à relier ses pas

à sa plume. Une génération

d’“écriveurs-marcheurs” a suivi

les chemins de traverse du

philosophe : Victor segalen,

simone de Beauvoir, tho-

reau, octave Mirbeau, proust,

Robert Walser, péguy, théo-

phile Gautier, Giono, Gracq,

Debord, Flaubert, hugo,

Nietzsche, Michel de certeau,

et très récemment Axel kahn,

entre autres, ont trempé leur

plume et aéré leur inspiration

dans la boue des chemins ou

la poussière des déambula-

tions. Expirer, inspirer…

lenteur, comme un film hyper-ralenti,

en conscientisant chaque étape.

“La

marche rapide et la marche lente ne

produisent pas les mêmes effets, que

ce soit sur le corps ou sur le mental”,

explique Fabienne Croze, sophro-

logue.

“Marcher très vite ou courir

vous permettra de faire le tour de la

Terre en évacuant vos soucis. Inver-

sement, marcher lentement en pleine

conscience vous ouvre des portes plus

intérieures et vous ancre au moment

présent.

” Quand Rousseau écrivait ses

pages en marchant, ce n’était pas au

rythme d’un marathonien. De la même

façon qu’un marcheur olympique en

pleine compétition se laisse rarement

aller àla rêverie contemplative…

Toujours la même histoire du lièvre et

de la tortue !

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