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anform !

mars - avril 2016

nos

enfants

Les parents sont-ils fautifs ?

L’enfant apprend àparler par mimé-

tisme. Il est très attentif àtout ce qui

se fait et se dit autour de lui. Il essaie

de comprendre les codes qu’il devra

lui-même mettre en application plus

tard. C’est une phase très impor-

tante de son développement. Croyez

bien que si les gros mots sont utili-

sés dans son entourage avec décon-

traction, il ne manquera pas de les

formuler à la première occasion.

C’est au parent de rester attentif à

ce que l’enfant entend.

Et l’école ?

Heureusement, les premiers gros

mots ne viennent pas uniquement

du cercle familial. Le moment de la

socialisation marqué par l’entrée à

l’école apporte sa pierre à l’édifice

du langage de l’enfant. C’est là

qu’apparaissent les premiers mots

décalés. Aidés aussi par les films et

les médias.

Comment réagir ?

Il faut tout de suite rectifier le tir. Ce

n’est jamais agréable d’entendre

des gros mots de la bouche d’un

enfant. Même s’il s’arrange pour

le rendre drôle. Il faut lui expliquer

que ce langage ne lui convient pas,

qu’il est interdit et que quand bien

même il entend les autres l’utiliser,

lui, vaut mieux que ça. Cette explica-

tion implique qu’il n’entende plus le

parent jurer ou mal s’exprimer sans

remords. Car la parentalité implique

la fin de l’adage “Fais ce que je dis

et non ce que je fais”. L’enfant ne

le comprend pas. S’il constate que

vous avez banni les gros mots,

soyez sûr qu’il ne les dira plus.

•••

“Papa,

c’est quoi put***…

fait ch*** ?”

Ma femme et moi, avons

toujours fait attention à

ce que nous disions. avec

les jumeaux, nous vou-

lions d’emblée prendre les

bonnes décisions avant

d’avoir à gérer le chaos. Du

coup, à la maison quand

ils ont eu 4 ans, ça a été

un florilège d’expressions

telles que “pu… rée”, “zut

de zut !”, “rouh lala”, “nom

d’un petit bonhomme”,

toutes venues, il est vrai,

remplacer in extremis la

prononciation d’un gros mot.

et au bout d’un moment

nous-mêmes avions pris le

pli et utilisions ces expres-

sions naturellement. Un jour,

que je venais les chercher de

l’école, je les ai trouvés très

perturbés. Dans un premier

temps, ils ont refusé de me

dire ce qu’il se passait. Dans

la voiture, l’un des deux me

dit :

“papa, c’est quoi put***,

fait c*** ?”

Ils m’ont dit qu’ils

avaient entendu la dame

de la cantine le dire et que

tous leurs camarades avaient

rigolé. Je leur ai expliqué

que c’était un gros mot et

que normalement personne

ne devait dire ça, mais que

parfois, la mauvaise humeur

était tellement forte qu’ils

s’en allaient malgré nous.

Christian, 35 ans

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